La Revue du Cinema (1931)

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Lorsqu'il a économisé quelques sous, un traîne-misère de Koslcé ou de Kichinev va au cinéma. Il y regarde la chance des autres. Son cœur se dilate, ses yeux s'assombrissent. Rien encore n est perdu. Il peut rencontrer une riche Américaine. Il peut inventer des allumettes perpétuelles. Il peut arrêter un criminel de marque et recevoir le grade de général. L'écran le préserve du nœud coulant comme de la bombe. Adolph Zukor a découvert le vaccin contre le désespoir. Il dit : « Faites effort et vous serez comme moi ! Du matin au soir-, je m'échinais sur des fourrures puantes. Maintenant, je suis riche et célèbre, maintenant, plus d'Adolph Zukor, maintenant — c est Paramount. Voyez mes concurrents — eux non plus ne firent pas, du premier coup, rencontre de la fortune. Marcus Loew est le fils d un Kellner. Les débuts de sa carrière furent assez modestes. Il vendait des journaux dans la rue. Jusqu'aux nègres qui lui envoyaient un « psst » méprisant... Vingt ans plus tard, les banquiers, les sénateurs, les ministres susurraient devant lui, cherchant ses bonnes grâces. Il avait quatre cents salles de cinéma et son usine de tapis : les quatre cents salles étaient toutes décorées avec des tapis fabriqués à sa propre usine, des tapis à ses initiales à lui Marcus Loew. Il avait son île, sa plage, son golf, son port et ses Victoria Regia. Dans son orangerie, il humait les senteurs des fleurs rares et il vérifiait les zéros de la balance mensuelle. Seule la mort, la mort irrévérencieuse, avait eu l'audace de le troubler. Après lui, il resta les tapis à initiales et un héritage de 25 millions de dollars. Le président de I « Universal», Cari Laemmle, a vendu autrefois des bretelles; William Fox le tout-puissant a traîné ses souliers éculés par les rues du ghetto de New-York. Et le compagnon d'aventures de Zukor, Jessie Lasky, quel métier n'a-t-il pas fait?... Il a porté les journaux, il est resté assis à un pupitre, il a couru les commissariats à la recherche d'un crime sensationnel pour la « San Francisco Post », il s'est produit au cirque et au music-hall, il a même essayé de se faire chercheur d'or. D'or, il n'en trouva point, en revanche il se mit à fabriquer des bandes transparentes avec de petits trous et des images drôles. Que c'est donc mieux que de chercher dans l'Alaska des pépites mystérieuses ! Jessie Lasky est maintenant le vice-roi de la Paramount. Adolph Zukor méprise les ratés. Si un homme est dans la misère à vingt ans — il faut qu'il aille dans un cinéma modeste et qu il croie à son avenir. Si un homme est dans la misère à quarante ans, ce n est plus la peine de parler de lui : c'est un déchet, c'est une unité pour les statistiques. L opérateur ne lambine pas, dépêchez-vous, pendant la première partie on peut tomber sur la fille du directeur ou sur un brevet avantageux, à la cinquième, il ne reste plus qu'à échanger le baiser de paix. Pourquoi donc les chômeurs font-ils tout ce vacarme? contre qui protestent-ils? contre la vie? contre la mort? Ils doivent vendre leurs pommes et aller au cinéma. Au lieu de cela, ils organisent des manifestations. Zukor méprise la politique. Est-ce la peine de faire des discours quand on peut faire de l'argent? Pour les finesses politiques, Hays est là. Ce Hays s'exprime avec noblesse. Zukor a assez d'affaires sans celles-là. Certes, il vote pour les Républicains : les Républicains ne défendent-ils pas le régime sec et Zukor y trouve son compte. Il suffirait de rouvrir les brasseries pour que les Américains commencent à se demander : où irait-on bien ce soir?... Actuellement les Américains n'ont pas le choix, et tous les Américains Photo de travail aux studios Paramount. John Cromwell (à droite) parle à William Powell de la nouvelle scène à tourner pour Street of Chance. 18