La Revue du Cinema (1931)

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qu'à savoir les découvrir : c est là le secret de la production. Demain la Paramount aura une douzaine de nouvelles étoiles. Il est bien plus difficile d acheter une bonne salle — les « Warner brothers » sauteront : leurs salles sont peu nombreuses. Zukor les écrasera. Vlan... comme cette herbe. Le pied de Zukor s enfonce dans la verdure. Son visage, en ce moment, serait capable d'effrayer bien d'autres que les bergeronnettes. Quoique Zukor ne puisse se vanter d'être taillé en athlète, il est de caractère combatif. Tel un terrier de pure race, il est prêt à se lancer dans la mêlée. Dans sa îeunesse, il a pratiqué la boxe, une oreille arrachée en fait foi. Maintenant, c'est un gentleman il lui faut chercher d'autres amusements. Comme sportsman, il se passionne pour le golf: comme homme d affaires, il est prêt à mettre knock-out ces outrecuidants « Warner brothers ». Zukor est loin d'être un chercheur de querelles. Marcus Loew le quitta, mais il ne chercha pas à nuire à Marcus, — sur la terre, il y a beaucoup de place. Il n'avait pas oublié les îoyeux dîners, quand Marcus le faisait rire, lui Zukor et l'oncle Kohn. Marcus était un grand original. Lorsqu il s'était acheté un chapeau, son premier soin était de s'asseoir dessus pour qu'il n'ait pas l'air d'être neuf. Il avait d impayables moustaches et un esprit de diplomate. Marcus Loew suivait le même pas que Zukor. Aussi Zukor décida-t-il de s'allier à Marcus. Si le roi d'Italie marie son fils à la fille du roi des Belges, pourquoi Adolph Zukor ne marierait-il pas sa fille au fils de Marcus Loew?... A la noce, on but à la prospérité de 1 art et à la puissance des Zukor et des Loew. Sa promenade terminée, Zukor revient dans ses appartements. Les anciens rois avaient leur chapelle privée. Zukor a son cinéma privé. Il a invité quelques amis à venir voir un nouveau film. Ce n'est plus un gros frelon, c'est la voix d une star à gros cachets qui bourdonne maintenant dans l'obscurité : « Harry, je te serai fidèle... » En même temps, la star change de toilette : sourire et deux secondes de genou. Les invités ont un murmure approbateur. L un d eux après les compliments de rigueur dit à Zukor : — Un film comme celui-ci doit, je crois, plaire un peu mieux au public que les machinettes bolcheviques d Eisenstein... La Paramount a signé un contrat avec Eisenstein et Zukor a un petit rire énigmatique. — Le cinéma exige la diversité. Si dans un film, il y a un peu de sexualité, — c est bien. S'il n'y en a pas, — c'est encore bien. Certes, n'importe qui trouve agréable de voir une jolie femme sur l'écran. C'est une part de la vie et peut-être la plus importante. Nous tâchons de la montrer. Voilà, vous venez de voir notre film... Mais ce n'est pas encore toute la vie. Rappelez-vous La Naissance d vne nation ou La Grande parade. Quel succès ! Et Laemmle, avec le film de Remarque, aurait-il par hasard fait une mauvaise affaire?... Chez nous, il faudra, bien entendu, qu Eisenstein se mette un peu de plomb dans la tête, Hollywood n'est pas Moscou. Je ne tolérerai rien de tendancieux. Entre nous, je crains que cela ne donne pas grand chose. Il est incroyablement entêté. Bah, c'est le jeu. Nous aussi nous perdons quelquefois. Avec les bagatelles. Voilà, avec un Eisenstein. Mais, en principe, mon système est juste : tel pourcentage de sexualité, tel pourcentage d autres sentiments... L'essentiel, c'est de se conformer au caractère du public. Après la guerre, 1 Amérique exigeait d'heureux dénouements. Mais voilà que les Allemands avaient été battus et les Allemands se mirent au masochisme; tout bonheur, quel qu il fût, et même sur l'écran, leur devint insupportable. L'Allemagne, c'est vrai, est un client de second ordre, mais nous avons monté quelques films à dénouement triste, nous ne voulions pas perdre de clients, même de clients modestes. Sur 21