La Revue du Cinema (1931)

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Paramount étaient traduits en 37 langues. Ces films allaient en Bulgarie et au Pérou, dans l'Inde et en Laponie — tout le monde les comprenait. Autrefois, le petit Adolph écoutait avec curiosité une histoire du vieux rabbi ; le rabbi parlait non pas de la chair des animaux artiodactyles mais d un fait vraiment curieux : les hommes avaient construit une tour, une haute tour, comme le gratteciel de Paramount et le Seigneur en fut offensé; les hommes se mirent à parler tous différemment, qui en hongrois, qui en allemand, qui en hébreu, personne ne se comprenait plus. Pourquoi tous les hommes ne parleraient-ils pas anglais? C'est très facile. A son arrivée à NewYork, Adolph apprit l'anglais du premier coup. L'accent — pure blague. Mais voilà, ils s'obstinent à conserver leurs 37 langues. A Riscé, personne ne comprend un mot d'anglais. Paramount fait des films splendides, les acteurs parlent anglais naturellement. Mais ce qu'ils disent, on ne le comprend ni en Argentine ni en Allemagne ni à Pans. Où est-il le bénéfice net? Le visage de Zukor s éclaire de son sourire familier. Une fois encore sa muse fidèle l'a visité. Il a trouvé une issue : il fera les mêmes films dans toutes les langues du monde : en anglais, en hongrois, en espagnol, en danois... Naturellement, les sceptiques diront que ce sont là des projets insensés, que jamais il ne couvrira ses dépenses. Qu'on les laisse dire, que de fois a-t-il prouvé que, pour Zukor, il n'était pas d'obstacle. Seulement, en vitesse ! Avant que Warner ou Fox ne lui aient chipé son idée. Pas une minute de répit ! On tourne ! Des mots suédois, roumains, portugais ! La tour sera achevée. Tantôt soufflant vers le sud, ensuite passant au nord le vent tourne, tourne. Et ensuite? Ensuite, il revient éternellement sur les cercles qu'il a déjà tracés. Mais ce n'est pas la peine d'y penser — ce n'est plus le cinéma, mais la mort... Ilya Ehrenbourg, Traduit du russe par MADELEINE EïARD. ( à suivre.) 24