La Revue du Cinema (1931)

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fougueuse et plaisante Marie Dressler (1), Marguerite Moreno, Polly Moran. Mais le concept de laideur a l'orgueil de ses exigences. Il appartient à l'actrice laide qui sait avoir la force de jeter dans le jeu la plénitude de sa laideur, d'incarner le beau rôle du mal. La fatalité dramatique se sert d'elle pour projeter des semences d'action dans les histoires inventées par les hommes. Elle signifie alors l'obstacle, la visiteuse inattendue, la désespérante et ruinante Carabosse, celle qui repousse ou qui ronge les combinaisons heureuses, insolente barrière à la ]oie-de-vivre, provocatrice du malheur. L'actrice laide est donc presque toujours la vraie maîtresse de l'intrigue; elle est toujours celle qui lui donne sa densité, qui l'arrête, la bifurque à temps, la régénère par les négations de sa nature. Elle pousse souvent la bonté jusqu'à se laisser vaincre, favorisant ainsi les dénouements heureux. C'est un comble ! Mais j'estime que c'est un grand destin d'actrice que celui-là. Il resterait à s'entendre clairement sur le terme de laideur. Or, si ce terme me semble digne de considération, c'est précisément en ce qu'il rejoint celui de beauté dans l'impossibilité où il nous réduit de la définir une fois pour toutes. Pour quelques très grandes beautés que l'écran a su provoquer, pour quelques lucides images de l'amour, combien d'apparences ignobles, fardées à tout rompre sous un voile de joliesse fausse, accablantes de vanité, de nullité, d'inexistence. J'aimerais qu'on fît enfin ces mêmes démarcations pour la laideur, et qu'on sache comprendre qu'il est difficile d'être laid et plus difficile encore d'oser en supporter les attributs artificiels. Les masques qui entraînent les sentiments de la laideur et ceux de la beauté ne sont jamais invariablement les mêmes qui entraînent la haine et l'amour. Or, c'est là que ces deux sœurs ennemies se retrouvent, se confondent et finissent par réciproquement s'humilier, à la lumière des conditions identiques que leur imposent, par l'intermédiaire de la vie, le désir, l'aveuglement et le hasard. André Delons. (I) Il convient de ne pas confondre vedette laide et actrice vieillissante. C est à certaines indéracinables conventions du cinéma qu'il faut s'en prendre, si 1 on constate comme il est difficile, dans la plupart des cas, de faire la distinction. Mais l'admirable création de Marie Dressler, dans Anna Christis, où laideur, déchéance et vieillesse ne forment qu'une image, permettent qu'on célèbre en el'e peut-être la plus courageuse et la plus humaine des vedettes laices de l'écran contemporain. 32