La Revue du Cinema (1931)

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Note sur le scénario du DERNIER EMPEREUR par JEAN -RICHARD BLOCH I Il y a des sujets qu'un écrivain épuise dès la première réalisation. Pour me borner à mes propres ouvrages, je donnerais comme exemple... Et compagnie, La Nuit Kurde, Dix filles dans un pré, mes contes. Ils sont tels qu'ils sont, enclos en eux-mêmes, et je ne saurais y ajouter. Ils sont nés avec leurs proportions exactes, contenant leurs mesures et leur forme. Il y a d'autres sujets que 1 écrivain n arrive jamais à remplir. Il ne cesse d y songer. Sa vie durant, il est sollicité d'y revenir. Ils appartiennent au plus profond de lui-même, ils croissent avec lui, mûrissent et s enrichissent de toutes ses expériences et de ses méditations. Je crois qu il en est ainsi du Jean Musse de Romains, du Salavin de Duhamel. Si je ne craignais, pour eux et moi, les parallèles imposants, je dirais qu'il en fut ainsi de Goethe, pour Faust et Wilhelm Meister; de Shakespeare, pour Hamlet. Shakespeare nous a laissé trois Hamlet successifs et Goethe, trois Wilhelm Meister. S'il avait été donné à Gœthe une nouvelle tranche d'existence, il eût sans doute écrit un troisième Faust. Je sens tout le ridicule de revenir à nous, après avoir cité ces grands noms. Je le fais pourtant parce que je crois qu il nous faut considérer les hommes de génie comme des sortes de modèles surhumains que la bienveillante destinée nous propose. Il n'y a pas de honte, pour un boudhiste, à tenir, en vivant, son regard fixé sur la figure du Bouddha. Un petit triangle peut être dit semblable à un très grand triangle. Ses proportions infimes n'empêchent pas qu'il ne reproduise, à son échelle, les mêmes valeurs d'angles. Cette pensée me donne courage pour dire que Le dernier Empereur (1), — ou, plus exactement, le personnage de Moravie, — appartient aux couches les plus profondes de ma vie d'homme. Il n'est pas une simple projection ou création esthétique. Il n'a rien d'un sujet plus ou moins heureusement rencontré. Il incarne une forme qui m est essentielle et que je suis certain de n épuiser jamais. A peine avais-je terminé cette pièce que je l'ai récrite, à deux reprises, avant qu elle fût jouée. Pendant les répétitions, à l Odéon, je sentais naître le désir, la possibilité, d un « nouveau cours » de cette aventure. Lorsque la pièce fut donnée à Berlin, chez Piscator, je ne résistai pas à la tentation d introduire dans mon texte quelques linéaments de celui qui s'élaborait en moi. Enfin, quand le directeur d'une firme cinématographique, après avoir acquis les droits sur l'ouvrage, me demanda, à tout hasard, si j'accepterais d écrire un projet de scénario, j'entendis l'appel de mon personnage, ce grand double de moimême, et je partis à sa suite dans les contrées où il m'avait précédé. (1) Un volume, Éditions de la N. R. F. 3 33