La Revue du Cinema (1931)

En effet, que le film soit tel que, touchant à tous les genres il ne puisse être classé dans aucun, et qu'il ne se ressorte pas même, comme on s'y attendrait, de la parodie, est l'indice qu'il se situe à un point assez particulier de 1 évolution des styles. Il frôle la comédie Mack Sennett, l'opérette modernisée, l'Ambigu 1931 ; mais il passe à côté de tous ces écueils, sans sombrer, porté — et protégé, semblet— il, — par une sincérité parfaite qui s'exprime surtout par la volonté de respecter la crédulité en dépit des conditions les plus fantaisistes de l'action. La réussite est analogue à celle qui fait le prix des œuvres archaïques. Réussite qui procède des mêmes raisons : absence de toute poursuite d'un but prétendu artistique, recherche de la seule perfection technique, et, comme conséquence, manifestation dans l'œuvre tout imprégnée de naïveté inconsciente, des qualités profondes de ses créateurs. Ce n'est pas seulement par hasard que les descentes en parachute par lesquelles s'achève l'aventure, rappellent les premiers films de Méliès. Les deux œuvres ont entre elles, et quant à leur esprit, une parenté très intime : même ignorance des auteurs à l'égard de ce qui fait la signification de leur œuvre, et cette ignorance, cette ingénuité, permettant précisément à l'œuvre de prendre et révéler sa portée véritable. Les archéologues s'amusent en rapprochant des statues à composer une sorte de film de pierre qui fait assister à la mue du fellah égyptien en Coré athénienne. On explique ainsi la naissance du miracle grec. Une métamorphose de ce genre se produit sous nos yeux. Madame Satan est une œuvre située au point de jonction Photo Jean Yauo_uei.in La descente du mont Parnasse en skis. Photo prise au cours des prises de vues d'un documentaire sur la Grèce réalise en avril dernier par J. Bernard Brunitis. 01