La Revue du Cinema (1931)

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Le DESSEIN de Denis Manon est donc nettement fixé : 1 un des premiers, l'un des rares, il va faire œuvre de critique purement cinématographique. Juger des FILMS en tant que films et non en tant que tran scriptions d'une pièce ou d'un roman (1). Hélas, un tel espoir est un déjeuner de soleil. ... Ce beau dessein s'efface vite... Emporté par son désir de me renier, Manon s empresse de se renier lui-même. « Pour rendre compte de l'esprit dans lequel Marcel L'Herbier travaille, il suffira de considérer son dernier film (La Chambre jaune) en tant qu'adaptation du roman de Leroux. » (Chap. IV.) Cette contradiction déjà flagrante ne suffit pas à notre juge. Sadique du revirement, il s'obstine à bafouer son dessein initial. « Examinons à quel point Marcel L'Herbier a méconnu le SUJET qu'il avait accepté de traiter. L'Attrait du roman de Leroux tient aux trois points suivants... etc. » C'est clair. Sans se soucier de son ambition primitive d'une loi intellectuelle dictée par la simple probité, — de la morale critique la plus élémentaire. Manon n'hésite pas à prendre position contre lui-même dès que cela favorise son goût de condamner. Pour L' Ange bleu considérer le film en lui-même constitue une arme suffisante, Marion édicté : > Mon dessein ne comporte pas le procès des adaptations. » Pour Le Mystère, puisque c est en comparant le film au roman qu'on le dénigrera le mieux, Marion change son fusil d'épaule : « Considérons ce film en tant qu'adaptation... » Mais l'arme à droite ou à gauche, — qu'on ne s y trompe — il ne vise qu'un but : détruire. Pourtant Marion ne s'en tient pas à ce tête-à-queue sensationnel. Il récidive. Et il réussit à ne pas écrire une ligne sur mon film qui ne soit bourrée d'assertion de pure fantaisie, de contre-vérités flagrantes, de chiffres faux, enfin de tout ce qui semble indigne d'un critique probe — et du talent de Marion — qui en a. Si je relève ces faussetés, ce n est pas (que l'on me croie), pour défendre Le Mystère de la chambre jaune, MAUVAIS FILM sans doute, dont personne ne pense moins de bien que moi. Film en tout cas parfaitement indéfendable si l'on entend le juger sur un autre plan que celui des œuvres de circonstances et d'intérêt... local. Je les relève pour critiquer à mon tour des procédés critiques dont ni le cinéma, ni les cinéastes n'ont à tirer profit. M. Denis Marion écrit (2e ligne) : « Il faudrait relever les emprunts que les images (de La Chambre jaune) font aux films de Léni ». Insinue-t-il un plagiat, là où je ne fais que me plagier moi-même? Ou bien M. Marion ignore-t-il (il en a le droit, c'est si vieux) mon petit film Villa Destin, première parodie que je sache des films de mystère, que j ai réalisé il y a 11 ans et où se trouvent la plupart des éléments visuels (statues, jeux d'ombre, etc..) que l'on revoit dans La Chambre jaune? Ignore-t-il également ceci (et c'est moins pardonnable)? Quand en 1923 je préparais L' Inhumaine, un artiste récemment arrivé d'Europe Centrale vint me voir : Paul Lém. Je lui expliquai ce que je cherchais à mettre en images : mes intentions lui plurent. Nous projetâmes une collaboration. Mais elle ne put se conclure. Léni partit pour l'Amérique. Je réalisai avec d'autres décorateurs L' Inhumaine. Et tous les défauts de ce film n'empêcheront pas que l'on y trouve (notamment dans la scène autour du cadavre du faux-mort) cette atmosphère de féerie macabre (rideaux qui volent mystérieusement, portières manœuvrant seules, etc.), bref cet arsenal du mystère visuel qu'on retrouve tout pareil dans La Chambre jaune. Or, c'est deux ans après L' Inhumaine, six ans après Villa Destin qu'arrivèrent en France les premiers films de Léni. Lequel de nous deux a copié l'autre? Comme il est plus rapide d'insinuer un délit que de chercher la vérité, Marion — juge pressé — n'hésite pas : il accuse à faux. Est-ce ainsi que le champion de la morale entend la satisfaire lui-même? Étrange champion... Montons (page 2) au sommet du blâme : « Ce qui est véritablement scandaleux, écrit Marion, et qui établit la complaisance du réalisateur devant les mots d'ordre officiels, c'est le changement apporté au dénouement. Dans le roman, Rouletabille prévenait le coupable pour que celui-ci eût le temps d échapper... Dans le film il dénonce en pleine audience Larsan qui n'a plus qu'à s'empoisonner. » Et ce 1 Scandale 11 pousse M. Marion à jeter ce cri de compassion désintéressée, vraiment admirable de sa part : Comment M. Osso va-t-il (Larsan étant mort) faire réaliser Le Parfum de la dame en noir, dont il a acheté les droits? » Je vous le demande. Quel autre souci que celui de s'acharner sur un film (bien inoffensif) peut pousser M. Marion à troquer ainsi son rôle de critique pour celui de commissaire aux mécomptes de la Société Osso... et à préjuger du futur pour mieux condamner le présent. (I) C'est d'ailleurs la seule attitude admissible pour le critique cinématographique : n'apprécier ne voir que le film; oublier, négliger l'original littéraire. J'ai répondu dans ce sens à M. de Reusse (Cinémalographie française, 21 janvier). 78