La Revue du Cinema (1931)

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Finissons-en. M. Manon entend me donner des leçons de scénario et des leçons de français. Le scénario de la Chambre jaune n'est pas de moi. Le dialogue de la Chambre jaune (où il relève un pléonasme) n'est pas de moi. Il entend en plus, me donner des leçons de désintéressement. C'est aller trop loin. Que M. Marion qui m ignore, je le vois, autant qu'il ignore Leroux, les sujets dont il parle, et l'honnêteté qu'il prône, pousse pour une fois le goût de l'exactitude jusqu'à consulter quelques cinéastes informés de mes efforts, et de ce qu'ils m'ont coûté, de L'Homme du large jusqu'à Feu Mathias Pascal (dernier de mes films INDÉPENDANTS). Il ne m'accusera plus de mercantilisme. Enfin, voici le comble : Essouflé dans sa course au blâme, Marion ne sait plus qu'inventer. Alors il se fait résolument agent du fisc. Il prétend évaluer les défauts d'un film d'après la somme que l'on aurait payée à son réalisateur ! Et, toujours honnête, il jette au public des chiffres faux. (D'après Marion j'aurais touché 270.000 francs pour vingt-et-un jours de studio, soit plus de 12.000 francs par jour !) M. Marion ne sait pas (mais que sait-il?) qu'un film comme La Chambre jaune coûte à son réalisateur quatre mois de travail (de douze heures par jour) et lui rapporte si loin de ce chiffre (qu'i invente pour impressionner la galerie), si loin de ce que gagne dans le même temps un romancier heureux ou un dramaturge estimable que je peux me dispenser de l'écrire ici. Je l'écrirais néanmoins si je ne pensais en définitive que porter une discussion esthétique ou éthique sur ce terrain arithmétique c'est, pour un critique, se mettre dans le cas que l'on n'ait même plus à lui répondre. Veuillez agréer, monsieur l'expression de ma considération. Marcel L'Herbier. A cette lettre, notre collaborateur Denis Marion a fait la réponse suivante, que nous publions afin de clore la discussion : J'ai écrit un article pour prouver que Le Mystère de la chambre jaune est un mauvais film et qu'il répond uniquement à des préoccupations commerciales. M. L'Herbier me répond que Le Mystère de la chambre jaune est un mauvais film, d'ordre exclusivement commercial, mais que mon article est l'œuvre d'un critique versatile, débineur, ignorant, improbe, agent du fisc. A dire vrai, je m'en doutais : Qui méprise Cotin n'estime point son Roi Et n'a, selon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi. Parce que j'ai critiqué L'Ange bleu d'un certain point de vue, j'ai perdu le droit de juger les films à d'autres égards. J'ai vu Villa Destin, je connais L' Inhumaine. Si je persiste à croire que les productions américaines de Paul Leni ne doivent rien à ces deux films et procèdent du Cabinet des figures de cire que ce metteur en scène avait réalisé avant de rencontrer M. L'Herbier, c est pure perversité de mon esprit. Au reste, M. L'Herbier tient à sa disposition le moyen de me confondre : qu'il fasse projeter, à la suite l'un de 1 autre, Villa Destin, Le Chat et le canari, La Chambre jaune. Les spectateurs seront certainement édifiés. M. L'Herbier ne voit pas de différence entre sa version du dénouement et celle du roman. C'est donc moi qui n'ai pas lu Leroux. Excellent syllogisme. De même, la pièce de Gaston Leroux est inutilisable, dit M. L'Herbier. D'ailleurs, continue-t-il, je l'ai utilisée. D'autant plus, ajoute-t-il pour finir, que ce n'est pas moi qui ai fait le scénario. On sait maintenant à quoi s'en tenir. Enfin, j'ai avancé que la réalisation de La Chambre jaune avait demandé vingt et un jours de travail au studio et avait rapporté deux cent soixante-dix mille francs à M. L'Herbier. Ces deux chiffres seraient faux. Pourquoi M. L'Herbier ne donne-t-il pas les vrais? Cela n'intéresserait naturellement pas les agents du fisc qui les connaissent, eux, mais l'amateur de cinéma serait heureux d'être édifié à ce sujet. Les revues américaines publient le montant du salaire que touchent les acteurs, scénaristes, metteurs en scène, etc. Les journaux parisiens ont fait récemment le compte des droits d'auteur perçus par Marcel Pagnol. Ni celui-ci, ni ceux-là n'ont protesté. Ils n'ont pas honte des sommes, parfois très élevées, qu'ils gagnent et ils ne pensent pas que ce soit un acte de délation de les faire connaître au public. Moi seul, je me serai mis dans mon tort. D'abord, en « basant » un chapitre d'Une éthique du film sur Le Mystère de la chambre jaune, œuvre purement commerciale, peu représentative de la valeur de son auteur; ensuite, en donnant des chiffres à propos de ce même Mystère, devenu une pure création de 1 esprit qui n'est justiciable que de la discussion éthique ou esthétique. D. M. 80 Paris. — Imp. PAUL DUPONT (CL). — 20.5.31. Le Gérant Robert Caby