La Revue du Cinema (1931)

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USINE DE RÊVES par ILYA EHRENBOURG II Bill le Porte-Sceptre En 1921, à l'automne, tous les presbytériens, baptistes et méthodistes des Etats-Unis ne se montrèrent pas médiocrement indignés : pourquoi Edison avait-il inventé ces images animées?... Le cinéma, c'est non seulement la perversité des épisodes de l'écran, mais encore le scandale permanent de Los Angeles : l'orgie, la débauche, la corruption des adolescents, la fornication, le sacrilège! L' « Y. M. C. A. b met en garde ses adhérents contre les dangers de la fréquentation des cinémas. Une « One man reform league 1 prend des résolutions courroucées. Le « Mother's Club » exige du gouvernement des mesures décisives. Les journaux annoncent tous les jours de nouveaux scandales : » Williams est poursuivi pour bigamie. » Owen Moore, le premier époux de Mary Pickford, accuse Douglas d'actes immoraux! Fatty est inculpé de la mort de Virginia Rapp. Les acteurs se livrent à l'ivrognerie. On a découvert 300 bouteilles de champagne ! Des danses impudiques! Attentats aux bonnes mœurs! Par exemple, que faisait hier X... le metteur en scène avec Miss B...?... Adolph Zukor n'a pas en vain vécu plus de trente ans en Amérique. Il le sait, — impossible de boire ici, ne serait-ce qu'un verre de gin, sans avoir, auparavant, tiré les doubles rideaux. Le cinéma est à la vue de tous, c'est un studio de verre et le pain des journalistes. Il est difficile de métamorphoser les artistes en quakers... A Budapest, en apercevant un homme qui n'est pas habillé comme tout le monde, les passants souriront et s'écarteront respectueusement — Qui est-ce? un étranger, un original, un tsigane?... Ici, il suffit d'avoir un chapeau de paille, l'automne venu pour ameuter les gosses. Ils vous feront tomber votre chapeau : — nous ne sommes pas en été, mon cher monsieur! Oui, il ne fait pas bon plaisanter avec les Américains. Où trouver le voile de la vertu, la bénédiction de l'Église, la sympathie de la Maison-Blanche?... Au Moyen Age, on menait la vie dure aux Juifs. Mais les Juifs intelligents savaient s'arranger : ils trouvaient des défenseurs influents — quelque seigneur d'importance déclarait à qui voulait l'entendre: «C'est mon Juif!» Et "son "Juif, personne ne se serait avisé d'y toucher. Le Juif, bien entendu, avait fourni au noble chevalier un nombre respectable de ducats d'or. Aujourd'hui, on pourchasse le cinéma exactement comme on pourchassait autrefois les ancêtres de Zukor. Pas d'autre issue possible — trouver un complaisant chevalier! Zukor se rappelle : un petit bonhomme aux oreilles décollées... il y a deux ans de cela. Un déjeuner au Claridge ... Salon B... Un petit bonhomme amené par Voir Revue du Çinima du Ier Juin. 3