La Revue du Cinema (1931)

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Pettijohn... Il s'appelle Will Hays... C'est maintenant un ministre de Harding — un personnage à grosse influence... Il buvait alors du soda et, en parlant, pesait chacune de ses paroles... Un diplomate, cela se voyait du premier coup... Le cinéma l'intéresse : il insista sur la production de films politiques... Voilà notre l'homme. Et l'affaire ne tiendra pas aux ducats. Will Hays avait loyalement servi Mr Harding. Il avait passé 62 nuits de suite en wagon-lit. Chaque jour, il avait prononcé plusieurs grands discours, sans compter les petites paraboles et les brillantes anecdotes. Harding fut élu Président et Will Hays reçut le Ministère des Postes. Pendant la période électorale, Hays avait eu plus d'une fois recours au cinéma : on n'y peut rien, les hommes sont des enfants, il leur faut des spectacles. Il amenait des opérateurs à Harding. — Il faut vous montrer le plus souvent possible sur l'écran. Mr. Hard ing ne disait pas non, il aimait à poser devant l'objectif, il souriait, et l'air important, regardait des États imaginaires. Hays avait compris que le cinéma n'est pas un passe-temps. Certes, tout citoyen vote, et croit d'ailleurs voter pour qui il veut. Mais nous, nous savons qu'il vote pour qui nous voulons. C'est le saint des saints de la démocratie. Si les ouvneis votaient pour les ouvriers, notre pays deviendrait une barbare Moscovie. Autrefois, nous avions les journaux. Maintenant, nous avons la T. S. F. et le cinéma. Par T.S.F., on peut convaincre — c'est simple et à la portée de chacun : discours, sermons, paraboles. Qu'il est donc plus difficile de s'emparer de l'écran : les hommes en attendent le repos, la poésie, la fiction. Dans les salles obscures, ils semblent endormis, ils ont des rêves merveilleux. Nous devons leur inoculer notre poésie : la poésie du dollar et de l'idéal, la poésie de la lutte pour le succès — les forts dirigent, les faibles travaillent. L'esclavage c'est la négation des principes de la morale : c'est schlague et la malédiction. Les hommes doivent peiner avec des larmes d attendrissement, avec le sourire du triomphe. Il est facile de dicter à 1 homme 1 emploi de sa journée : conduis cette fraiseuse, tape à la machine, serre des vis, fais des additions ! Mais cela ne suffit pas : nous devons lui dicter ses rêves — qu'il soit, jusque dans son sommeil, un citoyen conscient des États-Unis. Le subtil William Fox avait voulu s'attacher Hays, il lui avait offert 75.000 dollars, Hays avait refusé. Certes, « Fox Film Corporation » est une firme solide mais Will Hays n'est pas non plus le premier petit avocat venu. Non, pour avoir Hays, il faut l'union des ennemis jurés : « Paramount » et « Fox », « Métro » et « United Artists ». Il est grand temps : les journaux s'enrichissent sur les scandales de Los Angeles, méthodistes et baptistes envoient à Washington de véhémentes protestations. Ils se sont réunis au restaurant, dans un luxueux cabinet particulier. Personne n a d ailleurs jeté un coup d'œil au menu. Ils ont même oublié leurs vieilles querelles. Ils se regardent tendrement et d'un air décontenancé. Il faut un sauveur, une étoile conductrice, non pas une étoile de l'écran, une star, non, l'étoile de Bethléem, l'homme qui, dans l'ignominie et le péché où ils sont embourbés, leur apportera un nouvel évangile. Ils mâchent tristement leur poisson : Zukor et Fox, Goldwyn et Selznick, Kohn et Abraham, Laemmle et Atkinson, noms fameux, bilans de millions, pauvres brebis égarées. A qui faire appel? Quelqu'un propose — Hoover. Ce nom soulève un murmure désapprobateur : Hoover est trop riche et trop indépendant, Hoover ne marchera pas, et s il marchait, il ne nous laisserait pas piper mot, Hoover est ambitieux, il rêve à autre chose — il vise à la Présidence... 4