La Revue du Cinema (1931)

Tous savent bien quel est, au juste, celui à qui il faut s'adresser; tous se taisent cependant. Fox se rappelle l'issue malheureuse des pourpalers qu'il avait amorcés. Comment avouer qu'il a voulu souffler une étoile de cette grandeur?... Zukor veut être diplomate — attendons le dessert. Enfin, le nom sacré est prononcé. Du coup, tous retrouvent leur entrain. Hays? Mais naturellement, Hays! Il n'y a que lui! Il a tiré Harding d'une situation difficile, il fera la même chose pour le cinéma. Il est chez lui à la Maison Blanche! Il sait par cœur tous les numéros de téléphone de Washington! Ses paroles circonviendraient un sourd! C est un presbytérien de race. Hays, vite Hays! Après les soupirs de l'enthousiasme, ces messieurs se mettent à 1 œuvre. Il faut rédiger un texte : le cinéma américain prie Will Hays de monter sur le trône. La feuille de papier est zébrée de ratures : le style noble n'est pas le fort de ces émigrés de l'Europe sceptique. L'acte est enfin établi. Zukor lit : — Nous, soussignés, producteurs et distributeurs, considérant qu il est nécessaire de porter à son plus haut degré le niveau de la production afin de donner à celle-ci l'importance qu'elle mérite... Ici, l'un des assistants pousse un soupir retentissant. Peut-être se rappellet-il un joyeux dîner chez le pauvre Fatty... — ... avons abouti à cette conviction, que notre industrie a besoin d une surveillance constructive... Bravo! Fameusement enlevé! Voilà qui du premier coup fermera le bec à tous les moralistes : eux-mêmes, dira-t-on, ont la conviction... — ... estimons que vous possédez les qualités nécessaires et considérerons comme un grand honneur, qu'ayant agréé notre proposition, vous preniez la direction de 1*« Union des Producteurs et Distributeurs »... 5