La Revue du Cinema (1931)

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Zukor prolonge l'arrêt du point, sa voix devient pathétique : — En cas d'acceptation de votre part, nous vous verserions pendant trois ans une somme annuelle de 100.000 dollars. Cette phrase, en dépit de son laconisme n'a pas été sans peine : lorsqu'il fut question de chiffres, tous se regardèrent et soupirèrent doucement. Mais, on n'y pouvait rien. Les journaux du matin publiaient les résolutions de trois clubs féminins : « Nous exigeons l'interdiction des spectacles qui offensent la morale. »... Chacun paiera sa quote-part... Deux films, et nous rentrons dans nos frais... Le déjeuner est terminé. Zukor s'en va. Le voici dans la rue. Une journée terne de décembre. Lumières. Humidité. Mais il semble à Zukor que le soleil brille et que les oiseaux chantent. Peu importe qui fut l'inventeur du cinéma, Lumière ou Edison : cela n'a d'intérêt que pour les fainéants. Le cinéma, c'est nous qui l'avons fait. Nous l'avons piloté parmi tous les récifs. Aujourd'hui nous l'avons sauvé d'une perte certaine, nous, les Zukor, les Fox, les Goldwyn! Le cinéma ou la politique? Des films ou des actions? La solennité d'une banque ou l'agitation suspecte des studios? Will Hays hésite. A vrai dire, l'Américain cent pour cent qu'il est a du mal à devenir l'ami de ces Juifs européens. Ils ne pensent qu'à l'argent. Will Hays pense à son âme. C'est un idéaliste et un presbytérien. Tous les dimanches, il va à l'église. Il ne boit jamais de vin, le vin, c'est bon pour les gens à l'imagination basse. Pour être gai, Will Hays n'a pas besoin de vin — il s'enivre de la joie de la vie, de la réussite des affaires, de la proximité du Créateur. S'il veut s'accorder une petite douceur, il mange un ice cream — ce n'est pas du whisky ; il n'est pas de presbytérien si austère soit-il qui n'adore l ice cream. Il ne fume pas et jamais ne porte son regard sur les femmes légères. Il est pur devant Dieu et devant les hommes. Peut-il, lui, au lieu de grande politique et d'opérations bancaires s'occuper de films équivoques?... Mais, si Hays ne prend en main l'industrie cinématographique, un grand danger menace l'État. Il faut lutter contre la dépravation des âmes. Lui, Will Hays ne va naturellement pas au cinéma, mais voilà ses enfants — ils ont des jeux insolites, l'écran, pour eux, est incomparablement plus important que les livres et les sermons. Le mauvais cinéma gâte leur tendre cœur. Lisez ce compte rendu des derniers films : le protagoniste de l'un est un apache sympathique qui, dit-on, ne dévalisait que les riches ; dans un autre, c'est un pasteur qui est ridiculisé — le pasteur, paraît-il, buvait volontiers du gin en catimini et embrassait ses jolies paroissiennes ; dans un troisième, c'est un industriel qu'on présente sous l'aspect le plus noir — il aurait trompé d'honnêtes ouvriers. Quelle absurdité! Que faire! Interdire le cinéma peut-être — comme l'alcool? Mais Zukor et Fox ne se laisseront pas faire. Du whisky, on peut en boire chez soi tous volets clos, mais si l'on interdit le cinéma, les gens n'auront plus rien à faire le soir. Établir une censure rigoureuse? Les tenanciers eux-mêmes font des démarches dans ce sens. Toutefois, la censure arrangerait-elle les choses! On coupera quelques scènes, on déplacera des sous-titres. Le poison sera toujours du poison. Le malheur, c'est que tous ces Zukor, ces Fox, ces Lasky, ces Loew sont des gens sans bases solides. Ce sont des émigrés d'Europe. Ils sont nés misérables. Que n'ont-ils pas fait?... Parmi eux, ni un presbytérien, ni un méthodiste ni un baptiste. Il est vrai que lorsque Fatty fut accusé d'avoir une vie contraire à la morale, Zukor donna immédiatement l'ordre de détruire tous les films dans lesquels paraissait le gros homme qui avait failli. Mais avant la note malencontreuse parue des journaux, les dîners 6