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représailles. Le marché américain sera fermé aux marchandises françaises. Ce petit bonhomme aux oreilles décollées sait être caustique et incisif. Herriot est bien trop placide pour des conversations de cet ordre. Il peut causer avec Mac Donald de l'avenir de l'Europe : c'est noble et passionnant. Mais il lui est difficile de s'entretenir avec Mr. Hays de la guerre douanière. Il essaye de discuter : les films ne sont pas une marchandise ordinaire, les films ont une influence sur l'âme du peuple. Chez lui, en Amérique, Hays admettrait bien volontiers cet argument. Mais à l'heure actuelle, une seule chose l'intéresse : les portes grandes ouvertes! Le film est avant tout un objet d'exportation...
Ayant vu qu'il était difficile de s'entendre avec Herriot, Hays se mit à travailler les membres de la Commission du Cinéma à laquelle Herriot avait confié la sauvegarde des intérêts nationaux. Peut-être les membres de la Commission aimentîls, eux aussi, Minerve et Mme Récamier, mais ils sont gens accommodants. On doit tenir compte des intérêts des firmes françaises... Impossible de casser les vitres... Mr. Hays propose de recourir à un compromis... Nous signerons une convention temporaire...
Hays revient en Amérique avec le sourire du vainqueur. Il n'a pas insisté sur les mots : les Français sont gens assez susceptibles. Qu'ils parlent donc de compromis si cela leur fait plaisir. Nous leur achèterons même une dizaine de films. Choisir les plus mauvais. Ne les passer que dans les petites salles insignifiantes. Pour la France: — Pardon, nous achetons vos marchandises! Pour Zukor et Fox : — Le montant de la vente de nos films en France s'est élevé en un an à la somme de 425.000 dollars. Pour tous les citoyens des États-Unis : " Hays organisation est plus puissante que tous les ministres. Nous faisons vivre 400.000 Américains. Nous plaçons hardiment nos produits. Et nous aidons aussi les autrescommerces. Le Président Hoover a raison quand il dit : " Dans les pays où pénètrent les films américains, nous vendons deux fois plus d'automobiles américaines, de phonographes américains, de casquettes américaines. Nous amènerons aussi l'Europe à penser à notre façon. » Cet Herriot n'en tirera certes aucun enseignement, mais les fils de ses électeurs vont au cinéma et ils comprendront, eux, que le téléphone est bien plus intéressant que Mme Récamier et que le bruissement des billets verts est capable d'étouffer toutes les voix de la forêt normande.
Ilya Ehrenbourg.
( A suivre.)
Traduit du russe par Madeleine Etard.
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