We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.
Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.
Trois Lumières... C'est de la magie noire sous sa forme la plus dangereuse, la plus compliquée, la plus interdite en ce qu elle offense les dieux qui la craignent comme une usurpation de leur pouvoir et qui 1 ont punie plusieurs fois sur Prométhée, les Titans, Lucifer, Adam et Eve. Elle consiste dans l'asservissement ou dans la confection d'une créature — terrestre, céleste ou infernale — aux fins personnelles du spoliateur et aux dépens de l'ordre général de l'univers. Elle s'accompagne d'orgueil, méconnaît la toute puissance divine et constitue le Péché Irrémissible.
Le vieux Jacob Bôhme définit ainsi la magie : « Rien qu'une volonté qui opère par l'appétit et le désir dans l'être » c'est pourquoi Caligan qui asservit Césare, Rotwang qui fit la femme d'acier de Métropolis, l'usurier qui prit le reflet de L'Etudiant de Prague, Le Montreur d'ombres qui dépouilla toute une famille de ses ombres et le sculpteur magicien du Golem ont tous ces yeux perçants, ce front énorme, ces grosses mains moites de fluide, cette apparence fiévreuse et puissante qui imitent et caricaturent le Créateur.
Les metteurs en scène allemands semblent être des techniciens des procédés magiques : les meilleures recettes sont employées, les manipulations minutieusement effectuées. Ils semblent encore craindre le péril des rites négligés.
Ainsi Le Golem, vieille légende du XVe siècle, est une statue de bois que le sorcier anime par l'apposition du nom écrit d'une esprit qu'il emprisonne d abord dans un cercle, ensuite dans la statue. En effet, les magies australienne, esquimaude, incaïque, malaise, irlandaise — celles de tous les peuples primitifs — accordent au nom d'un être sa force, son germe, sa raison séminale. Et si on ne peut point asservir Dieu lui-même, c'est qu'on ne connaît pas encore son vrai nom.
Le Golem auquel on oublie d'enlever son nom-âme vit de la même façon magique que les balais et les seaux de L'Apprenti sorcier. Et aucune force ne peut le calmer, sinon la force contraire de celle qui l'a animé.
Nofjératu le Vampire transpose en 1815 une question à l'honneur mille ans plus tôt et la croyance a peu dégénéré; Nosfératu voulant voyager s'enferme dans un cercueil rempli de terre : la tradition populaire voulait en effet que la terre fraîche conservât le corps des vampires et l'Église au moyen âge fit ouvrir plusieurs tombeaux suspects. Quand elle trouvait un cadavre intact, elle le brûlait et en dispersait les cendres.
Les souris qui hantent les 7 cercueils font partie de la faune infernale que Gœthe a décrite et le nombre 7, formé du nombre 3 qui est le ciel et du nombre 4 qui est la terre est le chiffre même de l'homme.
Le docteur soumis aux charmes du vampire et qui s'énerve, aimanté par son approche, est un survivant des possédés d antan.
La femme fidèle à son mari n'était point en 1815 chose aussi rare qu aujourd hui et on peut soupçonner le metteur en scène de pusillanimité : le vampire ne se calmait dans la mort que lorsqu il avait pu prendre le sang d'une vierge. Les vertus mystiques de la virginité au moyen âge joignaient aux privilèges d enchanter les dragons et de guérir la lèpre, la gourme et les maladies honteuses, celui de rendre les revenants à la terre, soit qu ils lui prissent du sang comme les vampires, soit qu ils obtinssent d elle des prémices, comme les incubes.
Métropolis est plus orgueilleux encore : chimie voisine avec alchimie. La Tour de Babel est construite — et achevée, Rotwang a formé une femme avec sa main coupée, car la chair bourgeonne sur la chair sous des auspices rituels : Pentacle,. sceau de David, cercles magiques... Il la nomme Hel, du nom de la vieille déesse de la mort dans la mythologie germanique.
36