La Revue du Cinema (1931)

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tère et le mari meurtrier. L'ombre est la représentation du drame intérieur de chacun et, dans ce domaine, tout est sensible et immédiat. L'Etudiant de Prague tire sur son reflet dans le miroir et meurt car Paracelse dit encore : « Celui qui se veut du mal, qui se hait lui-même éprouve les maux qu'il appelle sur sa personne. Il arrive que les images, si la malédiction les atteint, puissent être frappées de maladie .» Tout, dans le cinéma allemand témoigne d un intérêt passionné pour cette recherche de l'asservissement du divin, et les histoires de fantômes sont celles de savants hallucinés dont la puissance — le mana — est le but orgueilleux. On croirait que les fantômes du film suédois ou danois ne viennent pas du même au-delà. Ce ne sont pas des inconnus tirés de leur repos par des procédés abominables, mais des apparitions mystiques d amis et de parents morts qui viennent visiter les vivants sans les effrayer, pour les conseiller, les aider et les protéger. C'est une sorte de magie naturelle qui sous-entend la religion, la mystique et se garde des rites, toujours irrespectueux et « forçants ». Ces fantômes n'ont point une existence certaine : ils apparaissent à un seul, et les autres ne les distinguent pas. C'est la manière chrétienne des fantômes, celle dont se laissent approcher les saints et la vierge elle-même. Venus avec la permission divine, ils n'obéissent point aux créatures qui, d'ailleurs, les révèrent, arrangent les affaires compromises et se rendorment doucement. Naïfs héros des légendes populaires, ils se retrempent perpétuellement dans la vie des villages, familiers, affectueux et doux. La tradition reste orale. Ce sont histoires de veillées, redites par les grand'mères. Dans Le Trésor d'Arne, la petite fille assassinée vient en rêve visiter sa grande sœur et lui indique la cachette du trésor et des assassins. Rêve prémonitoire? Sommeil hypnotique? Toujours est-il que quelque chose de la petite quitte son ht et va reconnaître auprès de la maison, sur le chemin enneigé, dans un lendemain anticipé, les traces que lui montre son guide transparent. Et le lendemain son rêve s ajuste si bien à la réalité qu'on éprouve une sorte de gêne à voir, par une mauvaise mise au point du monde, recommencer le même moment. Dans L'Epreuve du Jeu, le vieux mari meurt de désespoir en surprenant sa femme qui verse un poison dans son verre. Mais la femme accusée faiblissant au milieu du brasier d'épreuve, est sauvée par le fantôme de son mari qui s'est substitué au corps de Jésus sur la croix de miséricorde qu'on tient devant elle, et qui ouvre les bras, recule à chaque pas qu'elle fait, l'encourage, lui sourit — et s efface, lorsque, le péril conjuré, d'autres bras s'ouvrent devant elle. Dans La Charrette fantôme, il s'agit du convoyeur des âmes, dernier mort de l'année qui doit travailler un an aux transports funèbres. La Nuit de Noël, l'ivrogne rêve sur sa pierre qu'il va de maison en maison, glanant les vies. Quand il commence son service, minuit sonne, et quand il s'éveille, peut-être, dans la nuit des temps, un an est-il passé ou bien la même nuit continue-t-elle? Les fenêtres des maisons sont éclairées par la fête et la grande aiguille est passée à la droite de l'heure... Pour si différents que soient les uns des autres tous ces fantômes, ils ont pourtant, entre eux, des similitudes. Les procédés magiques de tous les pays se ressemblent et le même ferment d'éternité agit sur tous les hommes. Les foules diaphanes, après les autres, se confrontent, et dans tous les pays, assurent que la porte de la mort, si jalousement gardée, n'est point close. 38