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La Revue du Cinema (1931)

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USINE DE RÊVES par I L Y A EHRENBOURG III A la Lumière Rouge Le 20 juin 1896, George Eastman écrivait à Thomas Edison : « Nous avons reçu une lettre de M. Pirou, 5, boulevard Saint-Germain, Paris, dans laquelle il nous demande de lui faire connaître où il pourrait se procurer ce qu'on appelle des « photographies animées ». Mr. Eastman sut bientôt très exactement ce qu'étaient les « photographies animées ». C'est le cinéma et ce sont ses millions à lui, Eastman. Il est bien plus riche que Zukor et que Fox; mais il ne se casse pas la tête à trouver de misérables truquages, il n'est pas en quête de beautés équivoques, non, il fabrique seulement la pellicule. Les autres millionnaires aiment à raconter avec orgueil comment ils sont parvenus à la fortune et à la gloire. Mr. Eastman est modeste. Il ne parle jamais de ses bénéfices, il préfère les thèmes plus élevés; il parle de la musique ou bien des devoirs moraux d'un citoyen des États-Unis. Il avait commencé par les « plaques sèches ». Rochers de carton, fond de pommiers en fleurs, vénérables commerçants imbus de spiritualité, voiles de mariées, robes à bouffants, bonheur familial, chapeaux hauts de forme : grâce au zèle de Mr. Eastman, toute la vie nonchalante et pittoresque du siècle passé se groupait dans un passe-partout et plaquait les murs de nos demeures. Eastman était un simple industriel. Il fabriquait une marchandise pour laquelle l'amateur était rare. Une photographie coûtait gros et les gens ne se faisaient « tirer » que dans les grandes occasions. George Eastman ne pouvait se contenter ainsi. Ses rêves étaient plus grands. « Mes désirs, disait-il, n'ont de bornes que celles de mon imagination. » Longtemps avant Ford, il avait esquissé un dogme : fabrication standardisée, vente à bas prix, marchés étrangers, bonne publicité. Il savait déjà fabriquer et vendre. Il ne restait plus qu'à trouver la marchandise convenable. Eastman imagina un appareil pratique et peu coûteux. Il dota toutes les langues du monde d'un nouveau mot : KODAK Ce fut d'abord une raison sociale ; mais les guillemets tombèrent bientôt. Les touristes qui vont et viennent, tels des moucherons, autour des rochers et des cascades, sont maintenant inconcevables sans cet attribut. « Il appuya sur le déclic de son Kodak », lit-on dans n'importe quel roman. (I) Voir la REVUE DU CINÉMA du l'r Juin : Usine Je Rêoes (I). C'esl un film Paramounf Kr Juillet : (II) Bill le Porte-Sceptre. 35