La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

George Eastman raconte volontiers comment il créa ce mot nouveau. C'est sentimental et édifiant. Sa mère, de son nom de jeune fille, s'appelait Kellbrown. Eastman aimait sa mère. Ainsi naquit le premier « K ». Néanmoins, deux « k » valent mieux qu'un. C'est une lettre qui a du caractère et qui saute immédiatement aux yeux. Il faut absolument trouver un mot qui puisse facilement être prononcé par les habitants des cinq parties du monde. Eastman est un homme vraiment doué : sans être chimiste, il a trouvé l'émulsion qui convenait, sans être mécanicien il a établi le « Vest Pocket », sans être poète il a créé un mot nouveau : « Kodak ». Reste à trouver la « parole de combat ». Cette fois encore, Eastman n'est pas pris de court. Les murs de l'Amérique se couvrent d'invites alléchantes : « Appuyez sur le déclic, nous nous chargeons du reste. » Cela plaît à tout le monde, et passe immédiatement dans les mœurs. Les candidats disent à leurs électeurs : « Appuyez sur le déclic, nous nous chargeons du reste. » Les banquiers, maintenant, savent ce qu'ils doivent chuchoter à leurs crédules clients. Certaines personnes légères suivent la mode pour séduire les piétons attardés. Toute l'Amérique appuie sur le déclic — Mr. Eastman se charge du reste. Sur la carte du monde, de minuscules drapeaux — les filiales de « Kodak » : Pans et Melbourne, Shanghaï et Milan, Pétersbourg et Londres, Tokio et Berlin, Constantinople et Canton. George Eastman est parvenu à la richesse, non seulement par son ingéniosité mais aussi par son esprit d'économie. Il avait 15 ans quand, pour la première fois, il gagna 5 dollars. Les enfants de son âge dépensaient leur argent au cirque ou en sucreries. George, lui, porta le sien dans une banque où il se fit ouvrir un compte courant. Il entra dans une compagnie d'assurances; on le payait 3 dollars par semaine — ce n'était encore qu'un gamin. Il se munit alors d'un carnet où, régulièrement, il inscrivit toutes ses dépenses. Une seule mention témoigne de quelques excès : le 12 juillet, George avait dépensé 65 cents en ice-cream. Mr. Eastman traite tendrement ses carnets de dépenses, ils constituent son autobiographie. Mr. Ackerman ayant décidé de consacrer un ouvrage d'érudition à la vie du glorieux créateur du « Kodak », Mr. Eastman ne se mit pas à raconter des souvenirs personnels, non, il atteignit simplement dans un meuble tous ses carnets de dépenses — la voilà sa jeunesse. Il est aisé de gagner des millions, il est bien plus difficile de les dépenser! George Eastman est resté modeste et sans désirs. Il n'a ni femme, ni enfants, ni proches. Il est bibliquement seul. Que faire de ses millions?... Certes, il a une maison magnifique, un jardin, et une orangerie — comme Adolph Zukor, comme tous les hommes d'affaires de l'Amérique, Eastman aime par-dessus tout les fleurs et les oiseaux. Il possède les plus rares variétés de roses. Il respire les roses et il s'attendrit. Mais que signifient les roses, même les plus précieuses, comparées aux bénéfices de la firme « EastmanKodak »? Eastman, outre les roses, a encore une autre passion : il adore la musique. Amour malheureux. Dans sa jeunesse, il avait voulu jouer de la flûte. Il avait travaillé des années et des années, mais lui qui n'avait rencontré aucune difficulté à la chimie et à la mécanique n'avait pu atteindre à la simple gamme. Impossible même de reconnaître un air. Le cœur gros, il abandonna la flûte. Récemment, il 36