La Revue du Cinema (1931)

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dire que Mr. Eastman aimait la Russie. Et voilà la Russie devenue le pays des malfaiteurs! Ils étatisent les usines. Ils ne payent pas leurs dettes. Ils n'admettent pas la hiérarchie. Mr. Eastman est profondément indigné. Il est prêt à tous les sacrifices en faveur des ouvriers. Il a pitié des disgraciés de la fortune. Il a récemment fait don d'une jolie somme à l'Université Nègre. Il est capable de générosité comme d'esprit de progrès. Mais les ouvriers doivent rester des ouvriers ; hors de là, il n'y a ni travail ni civilisation. Mr. Eastman adresse une épître émue à tous ses ouvriers : « Dans certains pays, le virus de l'anarchie a triomphé. Les citoyens de ces pays n'ont pas su voir le danger. A Rochester, nous ne serons pas aussi insouciants! La mauvaise propagande empoisonne l'âme du peuple. Cette propagande s'infiltre jusqu'ici. Votre bien-être et votre confort dépendent étroitement de la prospérité de la maison « Eastman-Kodak ». Les ouvriers et la direction ont toujours vécu en bonne intelligence. Nous voulons que vous ayez des logements confortables, que vos enfants fréquentent de bonnes écoles. Grâce à Dieu, il est peu d'esprits contaminés parmi vous ! Il nous est difficile de les découvrir. Vous, vous les connaissez : ils travaillent au milieu de vous. Vous avez le remède entre les mains. Je ne pense pas qu'à moi, je pense à vous aussi. Nous construisons, nous ne démolissons pas. Notre travail est fondé sur une confiance réciproque. » L'épître de Mr. Eastman est imprimée et affichée dans tous les ateliers. Les ouvriers se regardent craintivement : qui va recevoir son compte?... Les temps sont durs, c'est difficile de trouver du travail. Les plus alarmés sont ceux qui ont de jolies petites maisons construites avec l'aide de la société « Eastman-Kodak » : que deviendront-ils si on les chasse?... Quelques débrouillards se mettent à la recherche des « agitateurs ». Les contremaîtres proposent de remercier le patron de sa confiance. Une ad resse de sympathie : « A George Eastman, ses fidèles ouvriers », se couvre immédiatement de milliers de signatures. En voyant la longue liste de noms, Eastman sourit d'un air satisfait. Ce n'est pas en vain que, toute sa vie, il a pensé au bien des ouvriers. Les Russes ont chassé le tsar et les industriels. Mais Rochester n'est pas la Russie. Ici les ouvriers adorent Mr. Eastman, ici, il n'y aura jamais de révolution! Attendri, Mr. Eastman, tel saint Paul, dicte sa seconde épître. De tout cœur il remercie ses ouvriers : « Je le savais, chez nous les éléments dangereux sont insignifiants. Nous sommes fidèles à la liberté de la pensée et cette liberté nous garde de la propagande révolutionnaire. » La puissance, en Allemagne, se définit par quelques lettres « A. E. G. », c'est l'électricité ; « I. G. », c'est l'industrie chimique : ce sont les engrais, les gaz, les colorants, c'est une bonne récolte, c'est la vie comme la guerre à bon marché. C'est aussi la pellicule, donc, c'est l'amour des stars les plus coûteuses. Aux usines I. G. travaillent 85.000 ouvriers. Aux bureaux I. G. travaillent 21.000 employés. Le building I. G., à Francfort, peut, à juste titre, être appelé le « Palais du XXe siècle». C'est un énorme édifice de verre et d'acier. Ni ornements, ni tableaux, ni fleurs. C'est le palais de l'azote synthétique, des gaz lacrymogènes, du celluloïd magique. I. G. a beaucoup d'enfants, l'une de ses filles s'appelle AGFA. Agfa ne s'occupe ni de teintures, ni de potasses, Agfa fabrique des pellicules pour le cinéma. Toutes les matières premières proviennent des usines I. G. 5.000 ouvriers. Le monde pour eux est sombre et énigmatique. Ils ne voient pas la lumière ordinaire. D'année en année leurs prunelles se dénaturent. Les poissons des lacs souterrains sont aveugles de naissance. Il faut cependant que les ouvriers voient : ils font aller 40