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la star sympathique. Leurs doigts frottent leurs yeux : peut-être parce qu'ils plaignent cette jeune fille, peut-être parce qu'ils travaillent à la fabrique de pellicule.
Mr. Eastman n'a pas lâché pied devant les Allemands. Il continue à peiner. Il croit à l'avenir. Il a déjà passé 70 ans. « Eastman-Kodak », comme autrefois, distribue de bons dividendes. Il est aisé de gagner des millions, il est bien plus difficile de s'en débarrasser. L'âge de Mr. Eastman l'oblige à réfléchir : que faire de son argent?... Alors, comme Rockfeller, il fait des dons. C'est sage et c'est fatal, c'est dit dans la Bible : il y a temps pour tout — pour ramasser les pierres et pour les lancer. Autrefois, les hommes travaillaient à gagner la quiétude de leurs vieux jours. C'était avant Rockfeller, avant Eastman, avant notre ère. Aujourd'hui, dans les mains d'un vieillard solitaire — des millions. Et le vieillard regarde craintivement autour de lui. Il semble vouloir acquitter ses dettes envers les hommes. Il a pris. Il rend maintenant.
En quelques années, George Eastman a fait don de 55 millions de dollars à diverses œuvres de civilisation. Pour lui-même, il n'a aucun désir. Si, un seul, que cette École technique s'appelle « Institut Eastman ! C'est le frisson d'un vieillard à cheveux blancs. Il s'est immortalisé par un mot inventé :lui — c'est Kodak. Il laissera après lui des usines, des fabriques, des ateliers, des magasins — un trust gigantesque. Mais cela ne lui suffit pas. Il ne laissera rien, ni enfants, ni chaleur. Il cimente son nom sur une haute maison où les enfants feront les diables aux récréations, où il y aura des rires et de la vie.
Comme autrefois, Eastman se console avec les roses et la musique. Tous les dimanches, il donne une soirée musicale. Il a jusqu'à cent invités. Les invités écoutent la musique et regardent avec respect leur hôte éminent.
Eastman a fait aménager un cinéma à Rochester. Il dit : « Le cinéma est le frère de la musique. » Il aime l'écran, il aime aussi la pellicule; les gens qui font le cinéma — il ne peut les souffrir ce sont des gens suspects. Dans ce monde des ombres, il n'a rencontré qu'un homme, c'est Adolph Zukor. Qu'est-ce qui les rapproche? leur amour des roses et de la musique peut-être? ou bien le mépris de l'anarchie? ou enfin quelque relent de la corruption du monde?... Ils s'aiment tendrement.
Un jour Zukor était en visite chez Eastman. Il disparut soudain. On le retrouva à Hôpital pour Enfants. Cet hôpital, c'est Eastman qui pourvoit à son entretien. * Papa Zukor », attendri par la musique et l'amitié, signa immédiatement un chèque au bénéfice des enfants pauvres. Ces hommes ont vraiment le cœur sensible! Mr. Eastman chargea Mr. Zukor d aménager une salle à Rochester pour la présentation des films parlants. Malgré tout, cela compte 3.400 places. On peut y gagner quelque chose! Zukor n'est pas seulement un homme de cœur, c'est aussi un homme d'affaires. Il saura tout concilier.
George Eastman a passé 70 ans. Ne serait-il pas temps de se reposer... Il ne s'est jamais éloigné de son austère labeur : la pellicule, les brevets, les représentants, les procès, les actions... Quand il était à bout de forces, ou il respirait les roses, ou il lisait des romans policiers. Maintenant, le temps est venu de se tenir à l'écart pour jeter, de loin, un coup d'œil sur sa vie agitée.
Mr. Eastman a décidé de fuir l'agitation du siècle, de la fuir comme le vieux Tolstoï sut fuir celle de son foyer. S'isoler ! Penser au dénouement imminent. Être, à la fin de ses jours, non pas le Directeur de la firme 1 Eastman-Kodak » mais simplement un homme !
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