La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

Mr. Eastman a trop d'argent. Il lui est trop facile de fuir le monde. Il ne s'enfuit naturellement pas dans quelque village voisin, il s'enfuit dans un lieu véritablement retiré. Tous les journaux annoncent un événement sensationnel : Mr. Eastman a décidé de faire un voyage en Afrique. En Afrique, les espaces sont vastes, il y a des palmiers et des nègres; personne n'y prend de brevets et personne n'y lutte contre l'anarchie. Eastman, sûrement, se reposera dans cette Afrique ! Malgré les ans, il est encore valide et alerte. Il monte à cheval, regarde, respire des fleurs inconnues. La vie lui réserve encore de connaître bien des choses ignorées. Par exemple, on lui apporte un œuf d'autruche. Les indigènes considèrent ces œufs comme des objets sacrés, mais Mr. Eastman est un Américain civilisé, il mange l'œuf d'autruche à la coque. Cet acte solennel est immédiatement fixé grâce au Kodak, et bientôt, tous les ouvriers de Rochester admireront la verdeur de leur vieux patron. Les ouvriers continuent à manœuvrer les leviers : le froid, la chaleur, le sifflement, les ténèbres. Mr. Eastman, loin de l'agitation du siècle, mange un œuf d'autruche. Cependant, il n'a pas échappé aux tribulations. Il ne peut oublier la pellicule. Il a laissé à Rochester Mr. Lovejoy et Mr. Stubert. Luttent-ils contre l'anarchie? N'ont-ils pas laissé tomber la production? Au-dessus de la coquille de l'œuf prodigieux, Mr. Eastman chuchote : — Je ne suis parti que pour un temps... Je veux voir s'ils s'en tireront sans moi... Les palmiers, les nègres, les autruches. Mais George Eastman est soucieux. Il pense sans cesse à la pellicule. Il n'a même pas eu le temps de penser au dénouement imminent. Il se contente de soupirer tristement. S'en tireront-ils ?... pas maintenant... Plus tard... quand je m'en irai à tout jamais. Ilya Ehrenbourg. Traduit du russe, par MADELEINE ÉTARD. 46