La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

de sympathie. Mais sans y mettre la moindre aigreur, au contraire, je me permettrai de dire qu'en ce qui concerne l'ensemble de leur exécution, c'est-à-dire en les considérant du point de vue technique artistique, ils laissent encore à désirer. Clair a réalisé un film propre et pittoresque avec beaucoup d'ingéniosité et d'intelligence. Colombier s'est montré capable de remuer utilement les foules telles qu'elles sont dans leurs décors de tous les jours. Les personnages de Gallone, dans Un soir de rafle, se comportent sans hésitation ni gêne ; et ils sont animés avec assez de vigueur et de cœur pour qu'on puisse les sentir encore vivre au-delà de leurs différentes apparitions sur l'écran. Mais les marionnettes de Clair manquent de sang, celles de Colombier sortent toutes remontées de la cour et du jardin des théâtres de quartier ; et à côté de ça, Gallone ne sait pas animer la rue dans laquelle il présente ses acteurs pourtant bien vivants. Je crois aux spécialités : un metteur en scène ne peut pas être aussi bien un scénariste, un monteur, un décorateur. Mais pour exercer convenablement son métier il doit pouvoir non seulement diriger ses acteurs mais faire vivre un décor, créer une ambiance, donner une interprétation vraisemblable ou personnelle des milieux où son film se passe. Il ne peut pas aimer tous les genres de sujets, on ne doit même pas lui confier un scénario qu'il ne sent pas ; mais dès l'instant qu'il accepte de s'intéresser à une histoire, il ne doit pas laisser consciemment dans l'ombre les passages qu'il a de la difficulté à mettre en scène. Ou alors il doit adroitement tirer parti de ses faiblesses, EN LES DISSIMULANT. J'ignore quelle est exactement la part de M. Decoin et celle de M. Clouzot (1) dans la confection du découpage d'Un soir de rafle. N'importe comment le résultat de leur collaboration est bon, et leur dialogue est peut-être le meilleur qui ait jusqu'à présent été entendu sur l'écran en langue française. Chaque personnage, nettement composé, a son vocabulaire particulier et dit ce qu'il a à dire dans un langage courant, comme le type qu'il représente pourrait le faire dans la réalité. C'est je crois pourquoi, dans un rôle sans doute imaginé pour lui, Albert Préjean n'a jamais paru aussi à son aise : cette fois cet homme qui n'est ni très grand, ni très beau, ni très distingué, ni très jeune, communique sans arrière-pensée avec les spectateurs. Après Sous les toits, L'Opéra de Quat'sous et Un soir de rafle, on souhaite que Préjean sache rester longtemps le héros populaire du film français ; on ne voit pas encore bien qui pourra lui succéder. J'espère qu'il sera assez malin pour ne pas s'abandonner trop paresseusement aux agréments de cette situation de tout repos. Constant-Rémy, en boxeur fini qui se fait manager, est beaucoup mieux qu'à l'ordinaire. Lucien Baroux fait un homme du monde ridicule épris de boxe ; il est naturellement excellent. Edith Méra, vamp, reste par contre peu agréable et conventionnelle. Je n'ai jamais vu travailler M. Gallone, mais je présume qu'il aime les personnages qu'il fait jouer à ses interprètes. Il est entendu qu'Annabella fait des progrès de film en film depuis un an. Si elle n'a pas l'étoffe d'une star, elle a du moins, avec Marie Glory, cette immense supériorité sur ses camarades françaises de ne pas croire que la mauvaise humeur prétentieuse rend intéressante, et d autre part, elle travaille si franchement son rôle qu'elle obtient une liberté d'action aussi complète que possible. Mais elle doit sans doute beaucoup aux conseils de son metteur en scène dans les différents moments d'Un soir de rafle. Rappelez-vous le passage où Préjean, au bistrot, s'accompagne à l'accordéon en chantant sa chanson-thème un peu pour s'excuser auprès du vieux boxeur qu'il a abattu, et en même temps pour (I) Ajoutées à celles de Jacques Thery et Jacques Natanson dont il est probabl: que la pièce Knock-Out a quelque peu inspiré le sujet d'Un Soir de Rafle. 52