La Revue du Cinema (1931)

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D'ailleurs, ces péripéties qui paraissent extraordinaires au lecteur parce qu'il les apprécie d'une planète à une autre sont habituelles au Purilien, si bien que le début de mon séjour ne marque, relativement, rien de sensationnel. Mais comm; je tiens à éclairer le lecteur sur des événements qui demeureraient pour lui inexplicables, et qu'il m'en reste d'autres encore aussi étranges à lui raconter, je vais rendre compte des observations que j'ai faites sur les êtres habitant Purilia et sur les lois qui les régissent. Il faudrait, avant de se livrer à une méditation qui risquerait de n aboutir qu'à un grand embarras, se mettre dans l'esprit la notion, qu'entre les apparences et la réalité, le plus grand désaccord règne et que, si Purilia ressemble à la terre par bien des côtés, elle présente aussi des caractéristiques qui lui sont propres. La topographie et l'architecture de la ville et la campagne punliennes diffèrent peu de ce que nous connaissons. Au physique, comme par la manière de se vêtir, le Purilien s'apparente aux êtres humains ; son langage même, comme le lecteur perspicace a dû le constater, n'est qu'une variante du nôtre ; mais toutes ces ressemblances sont superficielles. A peine a-t-on séjourné dans le pays que déjà l'on découvre qu'on est bien dans un monde à part, qui est l'antithèse du nôtre, soumis à des lois immuables, et pour nous incompréhensibles, qui ont créé des échantillons d'individus que nous n'avons encore jamais rencontrés sur terre. Le lecteur se rappelle qu'avant même d'avoir atterri, je m'étais étonné de ne découvrir aucun signe de cette vaste organisation industrielle à laquelle notre civilisation nous a habitués. Une plus ample connaissance avec Purilia confirma ma première impression et m'apprit que, bénéficiant de toutes les ressources de la mécanique, le pays est autant dire sans industries. L'exploitation, par exemple, de quelques gisements miniers ne concerne que les métaux précieux. Les grandes manufactures sont inexistantes, et mines et ateliers dispersés çà et là sont bien moin; des lieux d'activité industrielle que sentimentale. Il en résulte que Purilia, affranchie de tous les problèmes que nous devons aborder, ignore les malentendus qui existent entre employeurs et employés et qui menacent périodiquement notre équilibre social. La classe ouvrière n'est représentée que par quelques prolétaires qui prennent invariablement l'apparence de ravissantes jeunes filles que le plus pénible labeur n'a jamais dépouillé de leur beauté ; elles s'évadent toujours de leur milieu par un mariage avec un jeune homme, possesseur d'une grosse fortune et d'un physique avantageux. A quel travail se livrentelles d'ailleurs, voilà ce que j'ignore bien, car chaque fois que j'en rencontrais une, elle s'absorbait toute, dans une intrigue sentimentale qui ne lui laissait aucun loisir. De cette morne légion de travailleurs qui forme la majeure partie de notre population, je n'en ai vu trace à Purilia et l'on ne découvre aucun groupe d'individus que tenaille la necéssité d'une lutte avec la misère. Cela ne veut pas dire que la misère n existe pas, mais elle affecte une forme poétique qui idéalise, ennoblit tous ceux qui l'ont subie ; elle n'a pas ce côté sordide, dégradant qui en fait le plus flagrant de tous les maux humains. La souffrance physique est un mal étranger à Purilia, la seule souffrance est morale, et se guérit par le mariage, une réconciliation ou une réunion vivement souhaitée. En haut de l'échelle, se placent les magnats de l'industrie, des hommes, possesseurs d une immense fortune qu'ils ont acquise d'une manière mystérieuse, car ils emploient surtout leur activité à manigancer des complots dans le but de contrecarrer un romanesque projet d'union chez leurs enfants, très rarement pour le favoriser. Quelquefois aussi ils s'engagent dans des affaires d'un caractère nettement frauduleux qui m'ont toujours semblé incompatibles avec la position qu'ils occupaient, et qui n'ont aucun rapport avec le commerce tel que nous le comprenons. 75