La Revue du Cinema (1931)

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USINE DE RÊVES par ILYA EHRENBOURG IV Hollywood pour Européens l Autour du véritable Hollywood, celui de Californie — des montagnes, des tombes de chercheurs d'or. Autour du Hollywood pour Européens, rien que des ateliers, des fruiteries et des caboulots enfumés. Au cimetière de Joinville, point de chercheurs d or. Des couronnes de perles et une maussade énumération de noms : ouvriers, artisans, boutiquiers. Ceux-ci n'ont rien cherché. D'abord, ils ont travaillé, puis, ils sont morts Triste cimetière, triste endroit! Ici, on va travailler le matin; le soir, on s'endort, et les rues sont vides et silencieuses — ni palmiers ni aventures. Ici, de par la volonté de Mr. Robert Kane, furent jetés les fondements du nouvel Hollywood. La cour de l'usine Paramount est inondée d'une lumière insoutenable. Dans un petit bassin figurant la mer, se noient de hardis navigateurs. Les opérateurs s'agitent, les figurants grelottent. De la lumière, plus de lumière encore! .. Mr. Robert Kane dicte à une dactylo : « Paramount a passé l'Océan avec ses capitaines — opérateurs, techniciens... » Dans les sept studios, le travail marche jour et nuit. Il y a des relèves pour les metteurs en scène, les concierges, les buffetiers. Mr. Kane vient et s'en va. Le travail ne cesse pas. Trois films : Les Vacances du Diable, A mi-chemin du ciel, Sa lune de miel. Onze versions : française, allemande, espagnole, suédoise, portugaise, tchèque, danoise, polonaise, roumaine, hongroise, hollandaise. Pas une minute à perdre! Une minute c'est x dollars. Les frais sont déjà suffisamment élevés et l'Europe est une pauvresse. Vite, messieurs! Les Vacances du Daible. En Polonais, En Roumain. En toutes langues. La descente du Saint-Esprit. Les mêmes décors. C'est papa Zukor qui a trouvé cela, Allo, Allo! Mais remuez-vous, nom d'un chien!... Nom d'un chien — en onze langues. En douze : les Américains sont ici les maîtres. Ils parlent leur langue. Tout le monde les comprend : ils ont des dollars. Dans une annexe — les traducteurs. Ils traduisent un scénario 100 % parlant! Calembours en tous dialectes! Les traducteurs traduisent un scénario envoyé d'Amérique. Le film n'est pas conçu ici, dans ce pitoyable Joinville, il a été conçu et agencé dans le véritable Hollywood. L'original déborde d'inspiration, on y perçoit 3