La Revue du Cinema (1931)

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a fini. A remettre au directeur de la publicité. Mr. Kane fait son tour dans les sept studios. On est dans le feu du travail. Il complimente les Tchèques. Il morigène les Roumains. Il marche, regarde, se réjouit. Il est arrivé à ses fins : nous fabriquons les films à la chaîne. Ford, — les automobiles. Gillett — les rasoirs. Paramoun^ — les rêves. Le cinéma, produit du nouveau siècle. Son âme, la vitesse. Autrefois, les gens regardaient les images dans des cadres de bronze. En s'y reprenant. En rêvant. En se prélassant. Aujourd'hui — seize images à la seconde : pays, visages, chimères. Trente secondes — larmes. Puis, quarante secondes — fuite et poursuite. Puis, dix secondes — la mort. Regarder vite. Fabriquer vite. Les poètes et les chevaux sont évanouis. A leur place, les 40 CV. et les films Paramount. Auprès du ht, ce sont maintenant les Tchèques. John, une tristesse de bière dans les yeux, reprend le droit chemin en piétinant sur place. Les traducteurs traduisent de nouveaux scénarios : Toute sa vie, Un trou dans le mur, Marions-nous\ On enlève le lit. On place un bureau et un paravent. Huit beautés, de huit pays différents, vont s'habiller et se déshabiller derrière ce paravent : un morceau de genou — cinq secondes. Le policeman attrape le voleur. Le bon monsieur, à son bureau, signe un chèque. Polonais. Danois. Portugais. La Russie. L'été. Haute neige. Une minute d'hésitation. Est-il possible, qu'en été, il y ait de la neige? Le metteur en scène veut réfléchir. Le directeur arrive à la rescousse : l'original est établi en Amérique, quel problème pourrait encore se poser? Sans neige, pas de Russie. Neige, troïka, nostalgie. Penser, à Joinville, impossible, il faut se dépêcher. Prise de vue de la neige — deux heures. Tant de mètres. A la porte, les Italiens attendent déjà. Ils vont être des Russes, en été, au milieu des neiges. Ils vont trembler de froid et chanter des chansons nostalgiques. En hâte, l'opérateur met l'appareil au point. Pour qu'il n'y ait pas d'erreur aux laboratoires : n° 38.457. Un cri : « Silence complet! » « Mary vous m'avez remis... » Alentour de l'usine, l'ennui de la banlieue parisienne. Les ouvriers mornes trempent du pain dans leur vin. Où aller? Au cinéma, bien sûr : aujourd'hui, nouveau programme : Les Vacances du Diable, film 100 % sonore, parlant et chanjant français. Leur verre d'Aramon vidé, les ouvriers vont au cinéma. Pendant la tournée, ils ont travaillé à la chaîne : les automobiles, les capotes, le cuir. Ils regardent une vie lointaine, merveilleuse : près d'un énorme lit, un beau gars, nippé comme un de la haute, respire des roses et nasille énigmatiquement : « ... vous m'avez remis dans le droit chemin »... Pour les différentes versions, des acteurs différents : les acteurs parlent. Les figurants, eux, se taisent; ils se taisent pour les Italiens comme pour les Allemands. Voici une foule de nègres. Les nègres doivent prendre leurs ébats sous un arbre. Le héros les regarde. D'abord c'est le Suédois qui les regarde, puis c'est l'Espagnol. Un petit bébé pleure. C'est un gros effet, un poupon nègre dans un film suédois. Mais pas de pleurs!... C'est un film parlant! Des nègres s'ébattent, pourquoi un bébé pleurerait-il?... Nom de Dieu, allez-vous m'enlever ce braillard!... Dans un autre studio, somnole un figurant hirsute. C'est un sans-travail ordinaire. Il a de la veine, il s'est trouvé avoir la tête d'un véritable assassin. Bien sûr, il n a tué personne, même lorsqu'il a bu un coup, il serait incapable de donner un coup de pied à un chien, c'est un brave type, il s'appelle François. Autrefois, il était menuisier. Maintenant, il est assassin, pour les sept versions. Les studios sont admirablement aménagés : isolation parfaite, pas un son ne pénètre de l'extérieur. Les murs ne laissant passer ni les voix, ni l'air. Les portes 6