La Revue du Cinema (1931)

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d'une conception fondamentale américaine de créer des œuvres d'une haute valeur artistique... La notion des « versions européenes » ne signifie pas nécessairement l'imitation servile d'un original... » Mittler est laconique : Il est temps d'aller au studio, les Polonais vont avoir fini ! Mittler a en mains un scénario, on l'a envoyé d'Amérique et il est traduit en dix langues. Marcelle Chantai sourit gentiment : « Avec une organisation aussi parfaite que celle des studios de Joinville, il est difficile de mal travailler... » Thomy Bourdelle aussi a de belles dents, " la puissante organisation des Américains soutient l'acteur dans son travail. » L'Espagnole Amélia Muàez, l'Italienne Carmen Boni, la Polonaise Maslowska... Arrive enfin le plus jeune acteur de Joinville, Jean Mercanton. Jean Mercanton n'a que dix ans. On lui demande : « Aimes-tu travailler à la Paramount? » Jean comprend les choses, il n'insiste pas sur la puissance de l'organisation ; conservant tout le charme de son âge tendre, il babille naïvement : « Oh, certainement, car on est très gentil avec moi et puis il y a un jardin pour jouer lorsqu'on ne travaille pas... » Le babillage du petit Jean comme les réflexions de l'intransigeant Cavalcanti sont imprimés et tirés à plusieurs centaines de mille exemplaires. Les feuillets étroits. Mention du rédacteur : « Bon à composer. » Mr. Robert Kane est satisfait : nous avons fermé la bouche aux diffamateurs. Notre œuvre est approuvée non par des employés anonymes mais par des créateurs authentiques. Ainsi donc, à l'ouvrage! Quatre nouveaux films. Neuf versions. Douze jours. L'art ennoblit l'âme. Les ouvriers de Citroën travaillent à la chaîne, puis ils rentrent chez eux, ils rentrent et jurent, boivent de l'eau-de-vie qui leur râcle le gosier, braillent aux meetings ; ou ils bougonnent ou ils se taisent. La colère les a consumés. Ils vendent à cet invisible Citroën leur corps et leur vie. Leur âme n'est touchée ni par la bienfaisante construction, ni par la grandeur de la chaîne ni par les chiffres du bilan, ni par la gloire de M. Citroën. Ce sont simplement des ouvriers, c est le vulgaire travail, c'est le bas-fond de la vie. Le cinéma est à mi-chemin du ciel. Tous y communient — avec les idées de Papa Zukor. En signant le pacte, les hommes vendent non des heures de méprisable travail mais ce qui s'appelle leur « âme ». Ils n'ont pas à avoir honte : ils sont à la chaîne et ils font des rêves. 2 Vaste et somptueux est à Paris le théâtre Paramount. A l'entrée on distribue au public des chocolats glacés, à l'intérieur, on lui fait voir de suaves apparitions. Les portes s'ouvrent de bon matin. Les ombres, sur l'écran, ne connaissent pas la fatigue. Elles meurent et ressuscitent. Dix-sept heures d'affilée on prodigue à qui le désire le soulagement indispensable. Les uns regardent encore le baiser final que les autres font déjà la queue aux portes sacrées. 70 places libres ; immédiatement on fait entrer 70 nouveaux spectateurs. Ainsi de 9 heures à 2 heures du matin. Viennent, le matin, ceux qui travaillent la nuit, dans la journée les mamans et leur petite famille, les banlieusards, vers l'heure du dîner, les amoureux, le soir, les ordinaires spectateurs-standard, après minuit, les bambocheurs qui ont recouvré leurs esprits ou de lugubres maniaques atteints d'insomnie. A 2 heures du matin on ferme la salle. C'est provisoire. Le jour viendra où Paramount annoncera une séance permanente — assistance et gaîté vingt-quatre heures par jour! Un cinéma doit être ouvert jour et nuit comme une pharmacie de service. Le cinéma sauve les hommes du suicide et des idées. Vite. Dépêchez-vous! Fauteuils confortables! Ventilation parfaite! Drame sensationnel! 10