La Revue du Cinema (1931)

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Les places, ici, ne sont pas à bon marché et les spectateurs sont gens qui ont le moyen. Ils regardent l'écran d'un air absorbé. Un film à succès, fabriqué à Joinville : Toute sa vie. Les acteurs parlent français. Les spectateurs écoutent les mornes et médiocres propos, ils ont peur de perdre un mot, ce sont des mots français, ils sont intelligibles à tous. On vole un enfant à sa mère. Bien sûr, c'est un grand malheur. Les spectateurs sont des pères et des mères de famille et ils comprennent bien qu'il est triste de perdre son fils. Mais la mère n'a aucun moyen d'existence tandis que le petit vit comme un coq en pâte : il est dans une famille riche : hôtel particulier, domestiques, thé et toasts. Les spectateurs connaissent le prix de l'argent. Ils ne sont pas pour la mère pauvre, ils ne sont pas non plus contre elle, ils regardent simplement le film dans une salle confortable où les places sont chères. Mais le long des rangs de fauteuils, comme une brise printannière, voilà que passe une rumeur : enfin, les spectateurs ont commencé à parler! Qu'est-ce donc qui les émeut? L'héroïne a fait fortune : elle s'est trouvé avoir une voix remarquable, elle chante à l'Opéra de New-York. Pour chaque représentation, elle reçoit 700 dollars. Ici la salle se réveille. Ce ne sont plus les larmes d'une mère, c'est un chiffre tout rond! Ça fait combien en francs?... Tous se hâtent de faire le calcul. Quelqu'un, s'oubliant, crie à haute voix : « 17.500 ». Soupirs de ravissement. Rectification d'un pédant : « Encore plus, 17.850... » L'héroïne, du coup, devient charmante. Il est parfaitement clair que les gens riches lui rendront son enfant. Elle aussi maintenant a son hôtel, des domestiques et des toasts. Elle se remarie bien à propos. Elle embrasse sont fiancé! Les spectateurs apaisés s'en vont, ils se heurtent a la queue qui attend près du contrôle. Ceux-la ne savent pas encore ce que valent 700 dollars. En haut, l'enthousiasme les attend. Dans l'autobus ou le métro, ceux qui ont reçu la communion du grand art, se disent l'un à l'autre : — Un bien beau film! Ils ne se rappellent ni les affronts essuyés par la mère, ni les domestiques, ni l'intrigue compliquée. Étonnés, ils se demandent : De quoi s'agissait-il?... Bah, on va voir les films pour les oublier. C'est un délassement. Eh bien voilà, on a passé une bonne soirée! Maintenant, on peut aller se coucher. Avant de s'endormir, leur esprit est agréablement traversé par un chiffre : 700 dollars — 17.850 francs... La puissante organisation dont parlent tous les fiers et tous les indépendants fait des miracles. Le théâtre Paramount gagne, en un soir, beaucoup plus de 700 dollars. La nouvelle séance vient de commencer... 3 Le travail marche sans arrêt : les Espagnols viennent à la relève des Tchèques. Cependant, Mr. Kane s'est enfermé dans son cabinet et feuillette des papiers. Comme il est difficile d'être compris!... L'Europe oppose de la résistance. Les Allemands ont sifflé nos films. En Pologne, à une présentation, scandale. A Budapest, des fanatiques ont voulu mettre le feu à une salle. C'est ainsi que les sauvages, les nègres, auxquels les colons apportent des abécédaires et des culottes, répondent à la sollicitude par le fer et par le feu. Les nègres, on les dresse. On en pend quelques-uns, les autres se taisent. Les Européens, on les dresse également. Seuls les débuts sont durs. Mr. Kane a un poste gros de responsabilité, il est le premier colon. A New-York, on est visiblement décontenancé. « Fox » veut tenter le coup... peut-être réussira-t-il?... Zukor se dispose à venir en Europe. Beaucoup de proposi 12