La Revue du Cinema (1931)

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ne le croit à première vue, même si l'on n'en distingue pas consciemment les raisons. Je n'ai pas cherché jusqu'à présent à donner la justification du principe, qui en a pourtant besoin si l'on en croit les critiques qu'il a soulevées. Il faut tenir pour négligeables les objections d'ordre extracinématographique telles que celle de l'intérêt national, parce qu'elles ne résistent pas à l'épreuve des faits. Si l'on réussissait à faire de bons films par le moyen de la synchronisation, on en reviendrait rapidement à la situation qu'occupait le cinéma au temps du film muet. Les positions internationales seraient à peu près les mêmes. Il ne resterait aux défenseurs de la paresse et de la négligence qu'à prendre les mesures habituelles de douane ou de contingentement. Mais pourquoi n'y aurait-il pas de beaux films ainsi conçus? Et si en France on est capable de faire bien, pourquoi ne traiterait-on pas de cette manière notre production à l'usage de l'étranger? Il s'agit en vérité d'une brillante perspective. Reconquérir la valeur mondiale du cinéma. Cela vaut la peine de ne pas céder aux restrictions faciles de la timidité d'esprit. On répugne évidemment à l'idée de la falsification que représente ce mélange de voix et de visages. Il y a là quelque chose d'artificiel. On oublie qu'on peut manier l'artifice de la manière la plus satisfaisante comme le prouve le procédé qui consiste à reconstituer le mouvement de personnages plats et ternes sur une sorte d'écran. Il était évidemment plus facile de s'habituer à voir la photographie animée de Sarah Bernhardt que de se résoudre à contempler Greta Garbo et à entendre M11'' Anatole des Bouffes du Nord. Est-il impossible de manier l'artifice? Il ne s'agit sans doute pas de traiter si facilement tous les idiomes et de confondre à volonté l'espagnol avec le suédois sur la langue du même acteur. C est ici qu'on peut faire preuve d'ingéniosité ; envisager l'hypothèse de produire des films en vue du dubbing. Les acteurs joueraient leur rôle en articulant d'une certaine manière. Pourquoi pas? Ils se placeraient de telle ou telle façon vis-à-vis de l'objectif. Pourquoi non? On choisirait intelligemment les doublures chargées de répéter les paroles dans leurs langues respectives. Est-ce inconcevable? Enfin on écrirait un dialogue adéquat, peut-être court, peut-être long, étudié minutieusement à 1 avance au point de vue de ses caractéristiques phonétiques. Ce serait sans doute une entrave à « 1 expression de la pensée \ une de ces limitations qui sont, paraît-il, fécondes dans ce qu il est convenu d appeler un art. Et puis rien n'empêcherait de continuer à travailler pour un seul langage, comme on peint ou comme on écrit pour soi seul. Il s'agit de créer une convention de plus, un de ces subterfuges, qui, par l'étrange retour des choses, aboutissent à la fécondité. Si l'on parvenait à manier parfaitement la voix, cet instrument — et je ne distingue aucune impossibilité formelle à cette hypothèse — une barrière nouvelle s'abaisserait devant 1 imagination. En attendant, il ne s'agit que de travailler dans l'obscurité, au hasard, comme le veut la loi passionnante du cinéma. Les objections mesquines de la presse s écartent devant les perspectives de l'avenir. Un argument surtout possède une force persuasive suffisante à cet égard. Un film sur lequel on pourrait greffer plusieurs langues retrouverait la qualité internationale du cinéma, paierait à l'échelle des nationalités. Le cinéma n'est toujours qu'une industrie. Louis Chavancl. 19