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lançaient à travers la chapelle, tenant en échec les éclats violents du souzaphone.
Dès que les hymnes hurlés par les nègres furent terminés Aimée McPherson se leva en hâte, poussa le quatuor dans un coin et en montrant combien elle savait tout le charme qu'une femme peut tirer d'une crinoline, elle s'avança vers le microphone et le régla d'une main experte. Ces trompettes proclamèrent immédiatement ceci :
— « Vous allez entendre la Sainte Station de Radioland. Tout d'abord levez-vous et serrez la main de vos voisins en disant : « Soyez béni. »
Une petite femme à cheveux blancs se leva et me bénit avec extase. Un doigt dur s'enfonça dans mon dos, je me retournai et un gros boucher me broya la main : « Soyez béni, frère! » me dit-il d'une voix grasse.
— « Ici la Sainte Station de Radioland », reprirent les trompettes, « ici le Temple des Anges rempli d'une foule heureuse. 0 Seigneur, il y a tant de monde que les ailes sont comblées et qu'il n'y a plus de sièges pour tous. Seigneur. Quel splendide spectacle à la Gloire de Ton Nom. Mais voici d'abord le sujet du sermon d'aujourd'hui. Les jours d'esclavage, oui, Seigneur, nous parlerons des jours d'esclavage. Puis Mammie Jennings récitera Ah ! je ne sais que faire ? et le Mariage de Belindy. 0 Seigneur, les jours d'esclavage. Puis nous baptiserons cent trente quatre personnes pour la plus grande gloire de Ton Nom. Ici la Sainte Station de Radioland, les jours d'esclavages. Oh! mes frères, s'il en est parmi vous qui soient encore dans l'esclavage du péché, qu'ils me laissent les délivrer... »
Elle se détourna du microphone pour regarder son auditoire et hocher la tête comme une nurse qui encourage un enfant timide. Puis elle s'exclama d'une voix inspirée :
— Gloire à Dieu!
L'auditoire entier se leva, tendit le bras droit vers le ciel comme une armée de fusils dressés et cria :
— Gloire à Dieu!
A mon côté la vieille femme à cheveux blancs avait ajouté sa maigre voix à la clameur générale. En s asseyant elle me questionna :
— « Etiez-vous ici vendredi dernier?
— « Non, » répondis-je.
— « Z'auriez dû! oh! c'était une magnifique révélation! Merveilleuse! on sentait la Toute Puissance du ciel glisser le long des murs. On amenait les malades sur des fauteuils roulants ou sur des civières et la Sœur les guérissait à mesure qu'ils approchaient d'elle. Oh! le SaintEsprit Lui-même l'aidait! Un homme a été si violemment jeté hors de sa couche qu'il s'est fait une bosse sur le sol. Oui, oui, vous ne me croyez pas! mais ce jour-là la Grâce était si puissante qu'un homme du dernier balcon s'est converti! Oui, il s'est levé et a proclamé qu'il croyait! Oh, la Grâce était merveilleuse! »
Pendant ce temps une pantomime maladroite se jouait sur la scène.
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