La Revue du Cinema (1931)

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Gary Cooper : « Beer... Beer!... » Sylvia Sidney éclate désespérément en sanglots. Ce moment-là vous émeut doucement, lentement jusqu'aux larmes. L'autre vous fouette entre les épaules, vous secoue dans votre fauteuil, vous attrappe au ventre : c'est cette course finale, dans la lueur bleue-noire du petit jour ; la voiture s'échappe de la ville et bientôt lutte follement de vitesse avec un train qui roule parallèlement à la route. La route va couper la voie, à niveau, et le train va au moins aussi vite que l'auto. La locomitive rugit son émoi, une fois, une autre fois. Ils se croisent à une fraction de seconde. Dans le fond de la voiture, les trois gangsters s'affolent, menacent ; ils n'ont pas fini d'en voir. Le Kid demeure calme, méchamment. Nan attend n importe quoi, effrayée mais confiante, préférant cette situation à toutes les autres. L auto glisse maintenant le long d'une corniche. C'est le diable qui conduit. Le Kid accélère aux virages et effleure dix fois le vide. Les trois du fond veulent arrêter cette fuite effrayante, assommer le garçon : c'est lui qui passe un revolver à Nan qui se retourne et leur fait jeter leurs armes par la portière. Satisfait, le Kid stoppe. Il fait à peu près jour. Les trois gangsters s'en vont, pour refaire la route à pied vers New York. « Sans rancune, » conclut le Kid. Ils relèvent le col de leur pardessus et se mettent en route. Près de la voiture les autres restent là sur la hauteur, on aperçoit une montagne floue dans le fond, il va faire beau. On pouvait difficilement donner une plus touchante impression actuelle d'une belle minute de liberté. Des oiseaux glissent tranquillement dans le ciel au-dessus de nous et le Kid, qui a la radio à bord, cherche du doigt un poste matinal. Même la musique finale n'intervient pas gratuitement dans City Streets. En dehors de ces deux fameux grands moments, on pourrait parler avec autant d'admiration, de reconnaissance enthousiaste, d'autres moments — c'est-à-dire de toutes les autres scènes du film, tous les gestes, toutes les paroles. Obligé de faire un second choix, je serais amené à citer les passages qui témoignent le plus de l'habileté incroyable de Mamouhan : le premier meurtre (petite histoire du chapeau melon)le second (tout le petit plan de Pop), la troisième : la mort du Big Fellow si ingénieusement préparée (préparée pour les spectateurs) de tous les côtés, attendue, retardée ; on voit Agnès tendre son revolver dans la porte entre-bâillée, fermer un œil, mais l'homme téléphone tout en parlant à Nan, on entend sa voix, le rire inquiet de Nan, puis on passe à l'autre bout du fil et c'est là qu'on sait qu'Agnès a tiré, par deux petits coups secs dans le micro, qui coupent les paroles de l'interlocuteur, on se retrouve chez le Big Fellow, on voit Nan crier pendant que l'homme s'écroule. Finalement j'arriverais à faire croire que City Streets est seulement une œuvre d'art, que Mamouhan est seulement un virtuose. Déjà on a entendu pas mal de gens déclarer que son film était trop bien fait pour un sujet qui aurait pu être plus robuste. D'abord ces gens entendent-ils bien la langue qu'on parle dans cette histoire? et puis une fois pour toutes, si en France, on est si difficile sur les sujets, dans ce même pays : qu'on en fasse au heu d'en espérer ou, ce qui est pis encore, d'avoir pris son parti de ne pas en trouver. Non Rouben Mamouhan n'est pas seulement un savant artiste qui n'a pas son pareil pour mettre une scène debout, il possède en même temps ce qui, encore moins que le talent de réalisateur, s'acquiert seulement par l'expérience, les années de service et les connaissances techniques : il a le don de savoir faire jouer les acteurs pour l'écran. Il a conscience de la vie et du caractère des gens dans une aventure praticuhère et dans la vie en général ; et il sait comment communiquer son émotion aux spectateurs. Les personnages de Mamouhan, du haut de l'écran, vous impressionnent magnétiquement. Evidemment on avait déjà subi le charme de la rudesse timide du long et beau Gary Cooper, et l'étonnante Sylvia Sidney a des dons dramatiques 34