La Revue du Cinema (1931)

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Ne parlons que pour mémoire des films dits mystérieux, genre Spectre vert et autres stupidités de ce genre, qui relèvent directement du mauvais roman policier. Les recherches qui sont du domaine de l'imagination demeurent illimitées, mais le genre ne saurait suffire, pas plus au cinéaste qu'à l'écrivain. Il serait trop commode de posséder une formule tabou qui remplaçât le fameux « Sésame » là où la vigueur de l'épaule manque pour enfoncer la porte. Le fantastique le plus neuf, le plus authentique que j'aie rencontré sur l'écran a toujours été le plus imprévu, c'est-à-dire le moins recherché, là où il ne se posait pas comme but mais où il était obtenu par surprise plus que par volonté. A la façon des peintures de Rousseau, auprès desquelles toutes les toiles des peintres dits surréalistes font triste figure. Il est des lignes merveilleuses en art ; celui qui a la chance de les posséder les lance toujours avec l'espoir et la volonté de capturer un gardon et c'est, à chaque coup, une magnifique truite qu'il ramène. Oui, mais, ces lignes enchantées, on les trouve dans son berceau, elles ne se vendent ni se prêtent, m ne s'imitent. Les roseaux avec lesquels on les fabrique sont dans une région hors de portée des plus malins, des plus intelligents, des plus combinards. Heureusement! Jamais un coup de dé n'abolira le hasard. Que l'on songe, un instant, à certaines rues, la nuit, des films de Chariot, à ce tramway trop plein, dans lequel il ne peut prendre place, à ce trottoir luisant de pluie et de lumières sur lequel il retombe. Que les quelques privilégiés qui ont assisté à la présentation de fragments de La Terre, de Dovjenko, dans la petite salle des Ursuhnes, se souviennent de la danse de ce paysan qui revient un peu éméché de la fête de son village, qu'ils le revoient en train de danser entre ciel et terre, sur cet étroit ruban de route venue on ne sait d'où, sans commencement ni fin, qu'ils revoient ce geste éternel d'homme qui danse, un peu plié sur les jarrets, les bras croisés sur la poitrine ou dressés audessus de sa tête dans un geste qui est un salut à tous les hommes, à l'univers entier ; qu'ils revoient cette sorte de marge, de vide blanc et bleu qui entoure ce paysan, ces deux côtés de champ qui lui font escorte à droite et à gauche ; qu'ils songent également à la fin de cette symphonie d'images, aux feuilles, aux fruits ruisselants sous l'orage. Les gouttes d'eau frappent l'écorce des melons, roulent sur la courbe des pêches, s'écrasent sur la terre dans un rythme pressé, les branches lourdes s'inclinent lentement sous le poids de cette averse, et de ces images si simples, si familières naît un fantastique joyeux, proche du monde, que nous avions presque oublié. 61