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jette sur l'émulsion, le film étant exposé par sa face dorsale, l'image d'un filtre trichrome formé de trois bandes parallèles placées dans le diaphragme de l'objectif. Ils jouent ainsi le rôle des grains de fécule de l'autochrome, avec cette différence que le film, une fois développé et inversé, est noir et blanc, et que les couleurs n'apparaissent que par projection dans un appareil muni du même écran trichrome. On explique directement ce phénomène assez curieux par le principe du retour inverse de la lumière.
Une première grande difficulté était la réalisation matérielle du cylindre graveur, qui comporte dans certains cas jusqu'à 1 .500 éléments par millimètre carré. Elle a été résolue grâce à l'habileté extraordinaire d'un graveur alsacien, Gary, qui travailla pour Keller-Dorian, bailleur de fonds et promoteur de l'affaire. Des dissensions et des spéculations malheureuses entravèrent l'essor de cette belle œuvre française, dont les brevets ont été récemment rachetés par la toute puissante société américaine Eastman Kodak, qui les exploite pour ses films d'amateur Kodacolor. Il reste encore de nombreux obstacles à vaincre, en particulier pour le tirage des copies, au sujet desquels nous ne pouvons nous étendre. D'autre part ce procédé, comme les précédents, est tributaire dans une large mesure des progrès réalisés dans les émulsions, dont la sensibilité est encore insuffisante pour obtenir des négatifs complets derrière des filtres très sélectifs, dans les conditions d'éclairage habituelles. Il faut en effet, pour que les couleurs soient brillantes, que les filtres employés ne laissent passer qu'une gamme de radiations bien déterminée, à l'exclusion des autres, qui ne compléteraient l'image qu'au détriment de sa coloration.
On annonce que la société Eastman Kodak vient de lancer une nouvelle émulsion panchromatique quatre fois plus rapide que les précédentes. C'est dire que l'on peut espérer de réelles améliorations dans les conditions d'emploi de la couleur et dans le rendu des projections. Il faut seulement souhaiter que cette invention de notre pays ne nous soit pas, une fois de plus, ravie puis imposée par l'impérialisme yankee (1).
J'ai, au début de cet article, insisté sur le fait que la cinématographie des couleurs est un problème compliqué, difficile, dont les solutions ne sont pas encore au point, mais enfin existent et seront vraisemblablement améliorées dans l'avenir jusqu'à devenir très satisfaisantes. Ce terme de « satisfaction » vise les techniciens, qui ont pour but la reproduction exacte des couleurs de la nature dans des conditions industrielles. Devant cette perspective, quelle devra être la position des artistes, c est-à-dire en fin de compte de ceux qui ont la charge d'affronter le jugement du public? D'abord, qu'ils ne se laissent pas influencer par ce mot équivoque de « reproduction ». Certes dans le fait même de reproduire purement et simplement la nature, il ne s'introduit pas de sentiment artistique. Mais il est probable que le truchement photographique des couleurs introduira cette apparence spéciale, ces différences impondérables qui en feront une nouvelle photogénie. Le réalisateur devra étudier comment à son contact régit la réalité, de manière à pouvoir un jour la transposer dans le plan de l'art. Lui et son décorateur pourront alors s'en donner à cœur joie, jouer des dominantes, créer des atmosphères, découvrir dans le rapprochement des couleurs en mouvement, dans leurs résonances avec la musique, des effets insoupçonnés des maîtres de la peinture comme des cinéastes en noir et en blanc.
Evidemment ceux-ci ont aujourd'hui bien autre chose à faire. J'ai émis l'opi
(I) Les Américains, fidèles à leur politique d'envahissement pacifique, viennent d'installer une usine à Gennevilliers, pour l'exploitaticn du procédé Technicolor où Eastman-Kodak continue la mise au point du procédé Keller-Dorian.
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