La Revue du Cinema (1931)

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phrase en anglais qu'elle eût à prononcer au cours de la soirée : « Three cheers for the gentleman who has won the grand prize. » En réalité, elle le sut le lendemain, c'était elle qui ce soir-là avait gagné le « grand prize ». Sternberg, très intéressé, fit venir Marlene Dietrich à la Ufa et lui confia le rôle de Lola-Lola, ou, plus exactement, il donna Marlene Dietrich en pâture au personnage de Lola-Lola. C'est là un des côtés merveilleux du métier de metteur en scène : prendre de l'argile humaine, la façonner, la pétrir, lui donner le souffle, en faire ce dont on rêve, et ensuite lâcher dans le monde le bel automate remonté. On imagine assez quelle émotion, quelle joie dut ressentir Sternberg en voyant sur la scène cette femme de cire peinte, vide encore de personnalité, et qui promenait sur les spectateurs un clair regard sans âme ; avec quel délire intérieur il dut se représenter en un instant tout ce qu'il ferait d'elle... C'est une chance de rencontrer un aussi parfait mannequin de chair, c'en est une encore plus grande quand le mannequin docile prend sans résister le chemin qu'on lui dit de suivre. Marlene Dietrich ne tenait pas spécialement au personnage qu'elle avait vécu jusqu'alors. Sans doute ne trouvait-elle pas sa vie tellement drôle que la perspective d'en changer pût lui donner de l'inquiétude. Elle écouta Sternberg. Lola-Lola parut sur l'écran, les deux continents apprirent le nom de Mari ene Dietrich, et tous ceux qui la connaissaient déjà pensèrent qu'ils ne l'avaient jamais bien regardée. Sternberg avait fait du beau travail : d'abord, à la grâce naturelle des lignes, s'ajoutait le piquant du costume — il faudrait écrire, comme en allemand, PIKANT — tout un attirail pervers de longs bas diaphanes, de cache-sexes en dentelles, 6