La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

USINE DE RÊVES par ILYA EHRENBOURG V Un film ennuyeux La Société des Cinéromans avait chargé le metteur en scène Marcel l'Herbier de faire un film d'après L'Argent, le roman de Zola. Marcel l'Herbier, jusqu'alors, ne s'était jamais occupé de spéculations boursières — c'est un artiste et un esthète. En homme consciencieux, il se rendit tout d'abord à la Bourse pour étudier un monde qui lui était inconnu. Sur les marches de la Bourse, de jeunes gaillards poussaient des cris frénétiques. Ils agitaient leurs cannes et laissaient tomber des gouttes de sueur et leurs chapeaux melons ; ils crachaient des chiffres. Marcel l'Herbier n'est pas un enfant, pourtant, il fut décontenancé. Que criait-on?... Avait-on découvert sous les marches de la Bourse un filon aurifère, ou les fontaines de Pans s'étaient-elles changées en sources de pétrole? Un homme sale, le visage convulsé et la cravate de travers, cria en bousculant son voisin : — 68!... 68!... Quel admirable figurant... Voilà comme il faudrait en trouver un... Gros plan... De quoi s'occupe-t-il? De pétrole. De cuivre? De caoutchouc?... Le possédé eut un sourire dédaigneux : « Un bleu... » 68!... Il vendait des actions de cinéma... Sur les films que fabrique la société Pathé-Natan, il y a un coq, un coq gaulois ; fièrement, il allonge le cou, et, saluant l'aurore, lance son cocorico. Y a-t-il rien de plus poétique qu'un coq gaulois? Rien de plus respectable que le directeur de la société, M. Natan ? Il défend stoïquement les intérêts français contre les intrigues des étrangers. Ce n'est pas un homme d'affaires, c'est un héros, un poilu du temps de paix. C'est un coq gaulois, mais qui possède l'expérience financière manquant au coq traditionnel. Avec M. Natan, des ministres s'entretiennent. Il est à la tête d une grosse société anonyme. Il se dispose à acheter la société allemande Emelka. Que deviendrait le cinéma français sans M. Natan? Que M. Natan soit originaire de Roumanie, peu 12