La Revue du Cinema (1931)

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s'est-il livré à la merci de David Sarnoff ? Mais, uniquement pour la France, pour sa France bien-aimée !... Il envoie aux journaux une note triomphante : Pour la première fois dans l'histoire de la cinématographie, une société française vient de conclure une étroite alliance avec l'une des plus puissantes firmes d'Amérique. Cet accord exercera une heureuse influence sur l'avenir du cinéma français qui, à bref délai, est appelé à occuper la première place du monde. Dans les 64 salles Pathé-Natan on passe des drames et des comédies américaines. Au cours de l'année dernière, la France a acheté aux États-Unis 21 1 films, pour un montant global de 462.000 dollars. Mr. Hayl peut se réjouir, le film est une marchandise plus demandée que le cç-rned beefL. Dans les rues de Montmartre, lorsque l'heure est avancée, les passants sont souvent arrêtés par de louches individus. Le col du pardessus relevé. Un chapeau melon graisseux enfoncé sur les yeux. — Voulez-vous voir un film intéressant?... Oh, bien sûr, ce ténébreux chevalier d'industrie n'engage pas le rêveur attardé à venir à Marivaux ni au Moulin-Rouge ni dans l'une des 60 salles Pathé-Natan ! Il marche en jetant des regards obliques. Il frappe dans ses mains : « J'en amène un! >» Dans de petits bouges, on montre aux amateurs des phases de l'amour qui sont tout aussi incompatibles avec le code de Will Hays qu'avec la nature humaine. Ces films ne sont pas longs, mais portent la marque d'une rare fantaisie. Ce ne sont pas de grosses firmes qui les fabriquent mais de médiocres coquins, on les fabrique comme tous les films — l'appareil soigneusement mis au point et en gourmandant le figurant balourd. On ne les fait voir qu'aux grands amateurs. Les gens ordinaires se contentent des épaules et de la croupe d'une étoile. Aux amateurs, des visions si fugitives ne suffisent pas. Longtemps après minuit, dans des salles minuscules, sans orchestre et sans entr actes, ils voient l'épilogue de tous les films de Paramount et de Fox. Ils reniflent lubriquement et bavent sur leur plastron. C'est encore de l'art ; peu importe que cet art ne soit pas coté à la Bourse, il exige de l'inspiration et nourrit ses serviteurs. L'homme ténébreux s'approche de M. Natan : — Voulez-vous... ? M. Natan l'écarté d'un geste de dégoût. Pour qui le prend cet individu?... Il rentre à la maison après son travail. Marcher est un exercice salutaire. Il n'est ni un noceur ni un Américain. Il est le directeur d'une firme respectable. Il s'entretient en familier avec les ministres. Dans sa serviette, il a d'importants documents. Il a par exemple tous les éléments d'un film : « Les trois Masques, drame français 100 % — tout le monde parle, chante, pleure uniquement en français!... Chaque salle donne en moyenne 90.000 francs par semaine. Dans la serviette de M. Natan, il y a aussi le catalogue des films pour « PathéBaby ». Le cinéma chez-soi, pour les pères de famille, pour les gens casaniers, pour les rêveurs villageois. Qu'il est donc agréable, lorsqu'on a revêtu une chaude robe de chambre à cordelière, de regarder la trépidation des ombres!... Certes, Pathé-Baby est une broutille, mais un homme intelligent ne fait fi de rien. Hier, les actions Pathé-Baby cotaient 720. M. Natan veille tendrement sur le baby. Dans le catalogue sont énumérés, d'abord les films pour les enfants, puis pour les écoliers — éducatifs et documentaires — enfin pour les grandes personnes. 15