La Revue du Cinema (1931)

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d'un monarque à l'agonie, s'agitent les prétendants. L'affaire est reprise par M. Bader des Galeries Lafayette — il a compris toute l'importance du cinéma pour la publicité!... Non, M. Bader hésite encore... Alors M. Bailby peut-être?... Il a son journal... Ou bien, M. Coty, parfumeur et ami du peuple?... Non, M. Coty dément... C'est un chuchotement autour d'un mourant : un chuchotement dans les recoins des restaurants, dans les clubs, dans les banques. Et à la Bourse, ce n'est qu'un glapissement. Ainsi crient les lièvres blessés. 152! 151 ! Etienne Lafont n'avait jamais joué à la Bourse. Il avait une crémerie rue de la Convention qui sentait le fromage et l'humidité. Vingt-quatre ans, il resta dans cette crémerie à peser du beurre et à verser du lait. Puis il souffrit de rhumatismes. Il ne pouvait plus se courber. Il vendit la crémerie. L'argent était peu abondant et Lafont avait trois enfants. Lafont n'est pas un ouvrier : il veut que ses enfants aient une situation ! D'autres achètent des valeurs de pétrole et de produits chimiques. C'est une affaire ténébreuse. On peut facilement se mettre le doigt dans l'œil. Qui sait où ils sont, ce pétrole et cette potasse?... Il y a tant de voleurs dans le monde! L'un d'eux a volé à Lafont un gros morceau de fromage... Non, il vaut mieux choisir quelque chose de moins hasardeux! Pathé, par exemple. Des cinémas Pathé, il y en a partout, même à côté de l'ancienne crémerie. Certes, Lafont n'est pas amateur de cinéma, mais sa femme et ses enfants vont au cinéma tous les samedis. Ils peuvent confirmer que Pathé n'est pas une fiction. Et les journaux, eux aussi, disent : « affaire sérieuse... » « Capital de 5 millions... » « L'énergie de M. Natan... » Après être resté quelques semaines dans l'expectative, Etienne Lafont se décida enfin, il mit un faux col empesé et se rendit dans une banque. Il signa un ordre d'achat pour 20 actions Pathé-Natan. Qu'était-il donc arrivé?... Les cinémas n'avaient pas été détruits par un incendie. Sur les murs, les mêmes affiches ; mais Lafont, au heu de la richesse promise, peut fouiller ses poches. Maudit journal! Pathé, aujourd'hui, à 149!... La voilà la dot de Marie! La voilà la carrière de Paul, l'école commerciale et autres histoires!... Eux aussi devront vendre du fromage au marché!... Ils ne savent encore rien... Ils sont partis au cinéma. Marie entre dans la chambre en courant. Ses yeux brillent, elle sourit. — Comment va ton dos?... Nous avons vu un film magnifique!... J'avais tellement peur que ça finisse mal, mais on a attrapé le sale type et ils se sont mariés. Lafont se soulève et, regardant autour de lui avec des yeux troubles de colère, s'écrie : — Vous m'embêtez! Tu m entends, vous m'embêtez avec vos films!... je suis le dindon de la farce... « ils se sont mariés »... Saloperies!... Sa femme lui frictionne les reins avec de l'essence de térébenthine, et lui continue longtemps à déblatérer d'une façon incompréhensible. La pluie tombe et les rues brillent, puis elles sèchent. Dans les appareils tourne la mince bande. Le temps marche. Un jour, un homme se présente chez M. Natan. Il a le morne visage d'un juge d'instruction et une paperasse avec un cachet. M. Natan ne perd pas sa présence d'esprit. Intrigues de ses ennemis! Les ContiGancel. Une histoire de chèque de 1.770.000 francs... Absurdités! Un héros de cinéma est habitué aux épreuves... Le revolver du bandit, la poursuite, 1 aéroplane, l'automobile, les coups de feu, la poussière, le sang. Un héros de cinéma est habitué à tout. Pas une minute, M. Natan n'oublie qu'un film doit se terminer par un bon 18