La Revue du Cinema (1931)

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n'a qu'à choisir! La chaise, le couperet ou la corde. Il a l'habitude des meubles. Après son travail il s'asseyait et fumait une pipe. Il s'assied sur la chaise. Courroies. Courant. Soubresauts. A l'amphithéâtre, le scalpel chatouille les flancs avec tendresse. Permis d'inhumer. Il semble que le film va se terminer. Will Hays prie : « Pardonnez-lui, Seigneur, ses péchés — ses malfaçons comme son impiété! » Prie également le chanoine Reymond : « De profundis clamavit... » Les baptistes mangent leur porridge au maïs et versent des larmes, la pluie tombe, une longue pluie d'automne. Elle claque sur les toits de la salle. Elle se mêle à la vie des ombres. Elle transperce l'argile du cimetière. Vous n'aurez de repos nulle part! Et le beau gars sourit. Il a fait une bonne journée. Il ira dans le cinéma le plus luxueux, au Roxy ou au Strand. Il a gagné trois cents dollars. Ce n'est pas un boursier, ce n'est pas un joueur, c'est Mr. Robert Elliot, gentleman et bourreau. Il fait asseoir sur la chaise. Il vérifie les courroies. Il aime les filles et les myosotis. Il pèse 76 kilogs et il est plus léger qu'une plume : il se hâte de monter au ciel avec les hirondelles. Là-haut, il tapote les anges sur leurs ailes duveteuses, et il s'endort sur un nuage comme sur un oreiller. Au matin, le nuage est tout mouillé de larmes. Après avoir pleuré, Mr. Elliot fait le vampire, ii r étrangle. Elle doit taper deux cents lettres aujourd'hui. C'est trop! Le vampire dicte : « En réponse à votre lettre du 16 courant, nous vous informons que pour chaque personne étranglée, nous consentons... » Mais, à ce moment, un policier enfonce la porte. Il sauve. Il embrasse. Il souffle dans la figure comme un ouragan. En même temps, il joue du violon. C'est lui le violoniste. Voilà ce que c'est la vraie passion ! Je ne taperai plus de lettres ! Mais lui s'est levé, a rectifié son nœud de cravate, il rit : « Tu en taperas encore! » C est simplement un nouveau patron. Il dicte : « En réponse à votre... » Et elle éclate d'un rire insensé dans la salle obscure. Les voisins font « chut » — ce n'est pas drôle, c'est très triste! On l'a trompée. Mais elle rit et peu à peu, le rire stupide se communique aux premiers rangs, il gagne la salle, on n'entend plus ni le chant des anges ni la basse de David Sarnoff. Rien qu'un fox-trot : en avant, en arrière et sur place, un, deux, un, deux ! Poser un écrou ! Visser ! Expédier un colis ! Taper une lettre ! Vite! La séance est finie! Nous allons manquer l'autobus! Demain il faut se lever de bonne heure! Demain, comme aujourd'hui, aujourd'hui comme hier. Nancy Caroll est loin. Plus de déshabillés. Repriser ses bas. Vous dites? « Papa Zukor? » Je ne connais pas. Je travaille dans les bureaux Smith and C°. Rentrons vite. Vite! La nuit, la nuit bleue, humide. Dans chaque ville elle a son odeur spéciale mais partout elle est pleine de larmes et d'effroi. Elle est après le jour et elle est avant le jour. Elle est à la limite. On peut encore ne pas franchir. On peut encore se jeter à l'eau. Dans la Tamise. Ou dans la Seine. Ou dans l'Hudson. Ou dans la Sprée. On peut encore ouvrir le robinet du gaz. On peut encore dormir. Dormir! Rien que dormir! D'immenses bandes s'échappent de milliers de salles. Elles courent et disparaissent dans d'étroites fentes noires. En signe d'adieu, des injures, des bouts de cigarettes et des larmes. Ce gros Allemand a de l'asthme : qu'arnvera-t-il si, cette nuit, le Vaisseau Fantôme lui apparaît? Contre celui-là, nulle police ne protège... L'Américain essuie ses lunettes humides. La « J. C. » a regardé avec méfiance autour d'elle : rien que la neige et les corbeaux; sous la neige, le bois d'une petite masure fait entendre des craquements. Qu'arrivera-t-il demain?... Le Japonais a un rire superstitieux : cela commence! C'est la terre qui tremble. Ils se sont enfuis, ils se sont dispersés ; troublés, inquiets et demi-morts. Ils croient être pourchassés. Quelqu'un encore lance des taches de lumière sur les murs. 24