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la fleur à Gary Cooper qui, dès qu'elle est apparue, aurait voulu crever les yeux convoiteux de tous les autres hommes.
Deux admirables créatures à la merci de Josef von Sternberg.
Marlene Dietnch à qui il a appris à exister. Gary Cooper beau comme un dieu et, débarrassé de cette vague auréole de rudesse timide, plus captivant que jamais : souple, voluptueux, vécu, habile, orgueilleux et affranchi. Seul quelqu'un de bas peut souhaiter la destruction de ce long garçon émouvant. C'est de lui que, jaloux comme un tigre, Sternberg va rendre folle la belle femme de rêve, épanouie, à l'apogée de sa beauté et de sa valeur sexuelle, qu'il a animée pour troubler des millions de personnes. Comme une araignée tapie dans sa toile, Sternberg jouit de son triomphe : vous avez vu pour quel homme elle était destinée? cette femme? Et, un bref instant, il s'identifie au personnage du soldat, attirant dans son costume de légionnaire comme dans n'importe quel beau costume d homme. Sensible, il souffre peut-être, mais il a plus de satisfaction qu'il n'en aurait s'il était réellement Gary Cooper... car à force d'intelligence, il se sent fier, vengé des sales coups de la vie.
On donne le même nom de metteur en scène (en français), director (en angloaméricain), régisseur (en allemand ) à ces hommes qui animent un film et tous les pays, les gens, les endroits, les sentiments, les idées, les histoires, les objets, qu'il renferme. Mais parmi eux, il y a ceux qui exercent leur métier plus ou moins stupidement ou correctement et puis d'autres, moins nombreux, qui sont en quelque sorte des enchanteurs.
Jean George Auriol.
N. B. — Cœurs brûlés, « dubbé » est une version de Morocco, légèrement coupée et synchronisée après coup en langue française. On réussit mieux maintenant cette délicate opération (vous verrez Dishonored), mais il n'y a pas lieu de se plaindre du caractère étranger des voix ; elles se fondent facilement avec le caractère des personnages et le dialogue est net et proprement adapté. La critique ci-dessus a été faite d'après cette version française.
L'OPÉRA DE QUAT' SOUS, par G. W. Pabst, d'après la pièce de Bert Brecht. Musique de Kurt Weill. Prise de vues par Fritz Arno Wagner. Décors par Andreï Andreïef (Warner-Tobis) .
C'en est donc fait des craintives « satires », des complaisances, des demimesures, des glaces sans tain.
L Opéra de quatre sous n'est pas une résurrection du cinéma, que certains tenaient pour mort depuis Caligari. C'est la vie qui commence; c'est le premier cri qui déchire l'air du matin, disloque la nuit.
Le réalisme allemand — et même celui de Pabst — était encore ténébreux Jamais nous n'avions entendu ces mots :
« On ne peut pas vivre et rester honnête. »
Or, Pabst vient de les placer au seuil de son œuvre. Et ils éclairent de là tout un immense paysage où il faudra bien que ce temps reconnaisse les siens, comme 1 on reconnaît, en songe, des rues et des villes jusque-là inconnues...
L Opéra de quatre sous est d'ailleurs gonflé de toute la splendeur — à certains égards libératrice — du cauchemar.
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