La Revue du Cinema (1931)

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De tels passe-temps satisfont un besoin légitime, et je ne trouverai rien à objecter à des films qui. par fonction font appel au sentiment érotique, lorsqu'ils sont aussi charmants que Parade d'amour. Le reproche que je fais à certaines productions de la Ufa, et qui peut s'adresser particulièrement à ce dernier film, est tout autre. Il concerne la mise en œuvre même de ces productions et le luxe excessif dont on les entoure. On dépense à fixer ainsi des aventures qu'emporte le vent, des moyens dignes seulement d'œuvres durables. Ici, par exemple, on a fait appel au Carnaval de Nice, au pittoresque des bars des grands ports, et ce monument bâti sur le sable semble construit pour l'éternité. Il offre ainsi une demeure stable à des buts essentiellement éphémères, Un tel procédé, qui est déjà en soi un contresens, est la contradiction même de la nature d'un simple passe-temps. Celui-ci ne demande pas à être monté avec autant de soins qu'un sujet sérieux et sa légèreté doit s'exprimer dans sa forme même. Non pas qu'il n'exige aucun effort artistique : mais l'art ne doit ici servir qu'à lui conserver la valeur d'un délassement et non à le charger de prétentions auxquelles ensuite il ne peut répondre. Ce n'est pas sans raisons que l'on renonce dans les revues, aux scènes à thèses, et que les véritables comédies du boulevard sont intentionnellement d'un tissu très lâche. Le film de la Ufa s'écarte beaucoup moins de l'un et de l'autre par son sujet que par sa mise en œuvre. Il progresse lourdement, sans aisance, masse pesante qui manque d'aération. Le travail qu'il cache n'a pas servi à prêter de la grâce à un sujet léger, mais montre simplement combien il peut être parfois difficile d'être léger. On ne saurait approuver qu'une simple distraction soit traitée avec un tel sérieux. Ce reproche pourrait d'ailleurs s'appliquer à toute la production de la l'fa, dont j'ai déjà souligné à cette place une autre erreur, celle d'ignorer complètement, et au nom de notre plaisir, les événements actuels. Ceux-ci qui pourraient être aisément mis en scène sont entièrement prohibés du programme de cette société. Cette carence et l'effort pénible et évident avec lequel sont montés d'insignifiants passe-temps ont la même cause. On ne sait plus mettre le sérieux où il doit être. On le détourne des sujets où il serait nécessaire pour l'introduire dans des genres voués au plaisir. Voilà l'erreur fondamentale que je voulais souligner, et elle ne règne pas seulement dans la l'fa. Elle provient de notre mauvaise volonté à regarder en face notre situation sociale, et elle est elle-même, pour une grande partie, un phénomène politique. Il ne viendrait à l'esprit de personne de se défier d'une distraction qui remplirait sans prétention son devoir d'à miser et qui saurait rester dans son propre cadre. Mais si elle dévie et s'édifie aux dépens des réalités profondes de notre vie, elle cesse d'être innocente, et le trouble érotique qu'elle apporte est d'autant plus équivoque, qu'en dehors de sa fonction habituelle, il a alors celle de nous endormir. La grossièreté de style de semblables films est, au point de vue esthétique, la vengeance de ce renversement de l'ordre. Harry Liedtke est le héros de ce renoncement à l'amour : on pourrait croire en lui s'il était muet comme autrefois, mais le son vulgaire de sa voix enlève tout charme à cette douceur masculine, qui réchauffe le cœur des jeunes filles. Liban Harvey est une actrice érotique. Au milieu de ces êtres conventionnels, seule, Margo Lion se signale dans un rôle épisodique par une note plus humaine et plus vraie. Le public berlinois se presse en foule aux représentations de ce film, et c'est bien là une nouvelle preuve de la dureté des temps. S. Kracauer. (Traduit de l'allemand par Marie Elbe). 55