La Revue du Cinema (1931)

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COURRIER DE PARIS Ils sont douze autour d'une table, le treizième qui porte malheur est assis sur le paillasson, il n'entrera qu'à la fin du repas, à l'instant où tout finit par des chansons, où circulent les cartes transparentes, et puis, ils sortirent pour prendre l'air. Réverbère, taxi, les voilà partis pour l'Aubert Palace, leur bas de laine autour du cou pour ne pas prendre froid. Ils entrent, ils s'installent, tout est préparé, pour eux spécialement, ce sont les petits actionnaires de la Société France au capital de. Les producteurs, les marchands de soupe lumineuse ont bien fait les choses, ils savent bien que le cinématographe n'est pas un moyen d'expression, mais une machine à raconter des histoires, de même que les machines à fabriquer de fausses hirondelles pour exporter dans les pays qui n'ont pas la chance d'en avoir de vivantes, sont des machines à fabriquer de fausses hirondelles ni plus ni moins. Quelquefois pour donner le change, pour contenter les artistes, les délicats, on laisse partir un véritable oiseau vivant, mais si l'oiseau vole trop haut ou trop bas, si ses plumes sont un peu trop rouges, si son bec est un peu trop dur, les producteurs le mettent en cage comme les barbeaux mettent leur femme en maison, et le cinéma redevient ce qu'il « doit être » quelque chose comme le bébé réclame d'un grand quotidien intègrement véreux : un jeune géant au service du bien public. Tous les vendredis le jeune géant change de rouleau et cinq ou six vieillards officiels tapis dans une cave du Palais-Royal veillent à ce qu'il dise ce qu'il faut dire, à ce qu'il montre ce qu'il faut montrer. Il raconte, il montre et c'est l'histoire d'un jeune homme du meilleur monde qui va se percer le cœur avec l'épingle du chapeau, que la jeune fille qu'il aime et qui en aime un autre aurait porté sans doute si la mode n'était pas aux chapeaux sans épingles. Triste histoire, le jeune homme ne se perce pas le cœur puiscpi'il n'a pas d'épingle, mais à l'instant où il pense que pour en finir tous les moyens sont bons, une jeune fille pauvre et bien pensante lui retire le doigt de dessus la gâchette, car il avait pris un revolver et prenant cet index entre deux doigts à elle, le pointe verticalement vers le ciel. Surimpression d'un protège-pointe céleste et les voilà réunis dans une petite maison sincère, le monsieur jeune homme, et sa femme scapulaire qui porte dans son ventre le fruit de sa chair à canon : Edmond. Boum, boum, c'est une autre histoire, la suite, le petit Edmond s'en va à la guerre, s'en revient sur ses moignons, épouse sa jolie infirmière et tout le monde chante la Madelon. Au cours du festin, un vieillard aux idées larges prend la parole pour dire que la guerre est un fléau, une chose odieuse, mais qu'après tout puisque c'est les autres qui ont commencé, c'est tout de même « nous » qui devons continuer, puis il pousse un petit cri et retombe mort au champ d'honneur sur sa chaise percée. Ce qui permet à de beaux et jeunes aviateurs, de courir, de voler et de le venger, de revenir en chantant, de se compter, de voir qu'il en manque, de les remplacer et de repartir les venger. Mais la guerre est finie, un autre film commence. Un expert comptable fait une erreur de vingt-cinq centimes dans ses comptes, supporte mal le déshonneur et tombe de déchéance en déchéance jusqu'au ruisseau où il s'endort, rêve d'un os de poulet et glisse sous un taxi pour être secouru par la fille du gros entrepreneur qui engage le lendemain le protégé de sa fille, lequel rasé de frais et bien nourri retrouve dans les comptes de son bienfaiteur et entrepreneur une erreur de vingt-cinq centimes, monte en grade et tombe de son escabeau pour être à nouveau secouru par la fille du patron qui le guettait et qui l'aime, et qui l'embrasse, et qui l'épouse. 56