La Revue du Cinema (1931)

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Jugez de ma surprise quand je reconnus, parmi elles, le délicieux visage de Pansy! Je n'en pouvais croire mes sens et pourtant, sans le moindre doute, c'était bien Pansy que je contemplais. Sous la photographie, on lisait la légende : « Les jolies filles au pied léger qui font salle comble chaque soir au cabaret du Palais-Royal... Elles se trémoussent... et comment! »> J'en déduisis que Pansy avait obtenu un engagement comme danseuse dans ce cabaret. (Une supposition qui se révéla très exacte). On peut imaginer mon allégresse devant cette découverte opportune. Je résolus de suivre sans retard cette nouvelle piste, d'autant que je ne voyais pas la possibilité d'apporter quelque secours à Johnson, à ce moment. Le chauffeur d un taxi qui passait connaissait l'adresse du cabaret du Palais Royal ; je le priai de m'y conduire. Quelques minutes suffirent pour effectuer ce trajet qui se fit sans incident pour moi. Je n'eus à compter qu'un assassinat accompli avec une certaine brutalité dans un autre taxi. Quand j'eus fait halte devant le restaurant brillamment éclairé, la Présence annonça : « Le cabaret du Palais-Royal, royaume du vin, de la femme et de la chanson, où la jeunesse et la beauté paient un lourd tribut au plaisir frivole. » Je franchissais l'entrée, lorsqu'elle ajouta : « Dans le jazz de l'existence, il est de tristes accords. »> Ce préambule n était guère rassurant et je conçus des craintes sur le sort de Pansy. Un homme, à l'habit impeccable et à la moustache cirée, vint m'accueillir, qui n'était autre que le maître d'hôtel (de son nom, Henri). Dans la salle, comble jusqu'à l'étouffement, une table, par chance, se trouvait libre à côté de l'espace réservé à la danse. Je pris place au moment où les danseuses saluaient pour répondre aux applaudissements enthousiastes ; je n'eus pas le temps de constater si Pansy était parmi elles. A mon grand regret, j'appris que le numéro de danses ne reparaîtrait pas avant une demi-heure ; il ne me restait qu'à commander une consommation et à profiter de mes loisirs pour faire quelques observations. Cette salle, qui était la plus grande de ce genre que j'aie vue, était, néanmoins, je viens de le dire, comble. Le public manifestait une exubérante gaieté. C'était des cris, des gesticulations, des rires bruyants dont je cherchais la cause. Beaucoup de dîneurs portaient de grotesques coiffures en papier et semblaient tirer de celles-ci une source de joie folle. Des serpentins étaient lancés dans toutes les directions, et d'une table à l'autre, on se renvoyait des ballons énormes, distribués à profusion. Tout cela, naturellement, ne simplifiait pas l'action de boire et de manger, mais personne ne s'en souciait et, si l'on excepte quelques coups de poings échangés au sujet d'une femme, ou les tentatives d'un homme essayant d'imposer sa présence à la table d une jolie femme, chacun se comporta avec bonne humeur. Les musiciens étaient nègres et leurs grimaces provoquaient des convulsions de rire. Le lecteur américain sera peut-être intéressé par un bref résumé sur la situation de la race nègre à Purifia. Comme je l'ai déjà commenté, l'antagonisme des races n'existant pas, il n'y a pas de problème nègre. Durant tout mon séjour, je n'eus pas à observer un seul incident causé par la présence d'un homme de couleur dans la population. Les races ne se mélangent pas et le droit d'égalité politique et sociale n'a jamais amené un seul débat ; les lois du pays assignent au nègre la place qu il doit occuper. Les nègres purihens forment une race heureuse et puérile, adonnée au rire et à la chanson. Le pur amour — ou n'importe quel autre — leur est inconnu, en sorte que la douleur et le drame sont bannis de leur existence. Leur seule préoccupation se rattache aux fantômes dont ils ont la terreur. Cette phobie assez ridicule 62