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Toujours avec un sourire significatif, il le passa au poignet de la jeune fille et le porta à la hauteur de ses yeux.
— Ce bracelet est-il pour moi? s'enquit Emily, bien que ceci parût évident.
— Il est à vous, répondit l'homme maigre, enlevant à Emily les doutes qu'elle pouvait avoir.
Je remarquai alors une femme qui n'était plus très jeune, et qui considérait cette scène avec une curiosité marquée ; elle jetait des regards furieux à l'admirateur d'Emily et ses mains agrippaient sa poitrine qui se soulevait par saccades.
La Présence révéla son identité : « Meg Davis fut admirée, aimée... et abandonnée. »>
Emily détacha le bracelet et le remit à l'homme maigre :
— Je vous remercie, dit-elle, mais je ne peux pas l'accepter.
L'homme leva les sourcils d'un air de surprise. Son compagnon éclata de rire et lui allongea des bourrades dans le dos, mais l'autre refusait de s'avouer vaincu.
— C'est bon, fit-il avec un vilain sourire, j'en achèterai un autre, plus beau. Il se méprenait évidemment sur les motifs du refus.
Le public qui avait patiemment attendu la fin de cet intermède réclamait une chanson. En hâte, Emily revint vers le piano et s'excusa. Meg continuait de dévisager mon voisin et je fus terrifié de la voir sortir de son sac un petit revolver. Ses manières d'agir prenaient un tour menaçant.
Avant qu'Emily ne chantât, j'entendis son accompagnatrice lui murmurer : « Vous n'êtes qu'une petite sotte ; il est très riche. » L'admirable fille déclara alors, avec une conviction profonde : « Il n'y a pas d'amour sans estime! ». Ayant exprimé ce noble idéal, elle répéta sa mélodie avec un succès énorme. Quant à moi, le plaisir que je goûtais à l'entendre, se trouvait un peu atténué par ma perception de la respiration accélérée de Meg et le pressentiment d'un drame imminent. (J'aurais été plus troublé encore si j avais su que Millwood m'observait derrière un pilier.)
Au milieu d'un enthousiasme que j'ai rarement vu égaler, Emily quitta la scène pour la seconde fois et passa devant la table de mes voisins. L'homme maigre l'attira encore à lui.
— Que dînez-vous d'un petit souper après la représentation? demanda-t-il, ma voiture vous attendra.
La chanteuse eut un recul et je vis le doigt amplifié de Meg qui cherchait le commutateur placé justement derrière elle.
La salle fut plongée dans une complète obscurité. Une balle partit. Quand on fit la lumière parmi les cris d'épouvante, le corps du tourmenteur d'Emily gisait sur le plancher. Meg avait disparu ; une scène de confusion s'ensuivit. Les tables furent renversées, la vaisselle brisée. Les soupeurs allaient et venaient dans un complet désarroi. Quelqu'un cria '< Police »! alors la panique se changea en une fuite éperdue. Impuissant à résister à ce flot, je fus entraîné hors du cabaret, ne perdant pas conscience, même quand je me débattais, que ma dernière chance de retrouver Pansy m'échappait peut-être à jamais.
Elmer Rice.
(Traduit de l'américain par Yvonne Ryall.)
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Paris. — lmp. PAUL DUPONT (Cl.). — 29.9.31.
Le Gérant Robert Caby