La Revue du Cinema (1931)

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seps out. Le film n'eut pas de succès, et le contrat fut annulé à l'amiable. Le jeune Doug se retrouva à Paris, plus fauché que jamais, et vécut au jour le jour, dans une pénible incertitude du lendemain. Son père désapprouvait violemment sa conduite; il insistait pour qu'il continuât ses études, et prétendait lui interdire de se servir de son nom pour se faire une place dans le monde cinématographique. Doug junior ne parvint qu'à grand'peine à apaiser Doug senior quand celui-ci vint à Paris pour les Jeux Olympiques de 1924. Il lui représenta qu'il n'avait aucun goût pour l'étude, qu'il n'avait jamais pu rester plus d'un semestre dans aucune école, enfin qu'il avait besoin de gagner sa vie. Finalement Doug senior se laissa fléchir et promit, sinon de l'aider, du moins de ne pas entraver sa carrière. Et le jeune Doug, ayant réuni tant bien que mal l'argent du voyage, repartit pour l'Amérique, où il commença à jouer des petits rôles chez Lasky. Mais au moment de la fameuse crise de 1925, on réduisit son salaire de moitié. Il quitta alors Lasky pour devenir un acteur indépendant. C'est à cette époque qu'il remporta son premier succès véritable, dans Stella Dallas, avec Belle Bennett. Doug junior commençait à sortir de l'ombre de son père. Tout de suite, il nous a séduits par ce qu'il y avait en lui d'incertain, de tourmenté, d'irrésistiblement jeune. Certes, il est très beau, très grand, très athlétique. Mais alors que chez le père la santé et la bonne humeur éclatent avec une allégresse sans arrière-pensée, chez le fils on sent, derrière la splendeur physique, un grand désarroi moral, une espèce d'inquiétude insatisfaite. Le vieux Doug a fait son chemin avec insolence. Parti de rien, il est devenu le roi d'Hollywood. Plein d'une vitalité inlassable, il continue et continuera encore longtemps à escalader les murs, à sauter par dessus les tables, avec de grands éclats de rire. Le jeune Doug ne croit plus à cette ivresse animale du muscle. Il est en proie à tous les troubles plus complexes de l'intelligence, et en particulier à cette agréable maladie moderne qui s'appelle le dilettantisme : il écrit des poèmes, des articles, il fait des croquis, il sculpte des statuettes. Mais qu'un incident vienne interrompre le dessin commencé, qu'un autobus passant dans la rue ébranle le buste à peine ébauché, et aussitôt les mains impatientes déchirent le papier, précipitent à terre le bloc d'argile. Car les générations nouvelles sont les victimes de leurs nerfs; on les leur a démolis, ce n'est pas de leur faute. Mais même la race américaine, plus belle pourtant et en apparence plus forte que les races dégénérées d'Europe, n'y échappe guère; il semble au contraire que sa robustesse même la prédispose davantage à la démoralisation. Alors qu'en France des générations de petits bourgeois succèdent à d'autres générations de petits bourgeois, en Amérique on en arrive très vite du grand-père paysan qui traversait les plaines dans un chariot couvert au petit-fils poète qui se saoule à Villefr anche avec les matelots, voit des anges dans les miroirs et fume avec Cocteau. Ainsi la lignée des Fairbanks, qui a gagné en charme, en sensibilité, en finesse, 13