La Revue du Cinema (1931)

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mais a perdu en échange son équilibre, son assurance et son trop bel optimisme. Après le succès de Stella Dallas, le jeune Douglas tourna sans grand enthousiasme un certain nombre d'autres films, entre autres The Texas Steer, avec Will Rogers. Il déclare volontiers lui-même qu'il ne se donnait pas grand mal pour animer et faire vivre les personnages dont on lui confiait les rôles, et qu'il considérait son métier uniquement comme le moyen le plus agréable et le plus facile de gagner de grosses sommes d'argent. Cependant, il étudiait la diction sous la direction de John Barrymore, et bientôt on lui offrit de jouer Young Woodley au théâtre. Il accepta, bien que le salaire fût peu intéressant, et fut récompensé par un succès considérable. C'est alors qu'il rencontra Joan Crawford. Joan Crawford avait débuté dans le monde comme chorus girl, sous le nom de Lucille Le Sueur. Arrivée à Hollywood toute jeune, et sans grande expérience des choses, elle se lança aussitôt dans la vie la plus agitée qu'elle pût trouver, et se créa en un rien de temps une grande réputation de scandale. Infatigable, elle passait ses nuits dans les boîtes, gagnait des championnats de danse — c'était alors la belle époque du charleston, — cueillait au passage les gigolos comme des fleurs, et s'en allait travailler le matin au studio comme si de rien n'était. Une autre se fût abîmée en six mois, mais sur Joan l'amour, l'alcool et les retours à l'aube glissaient ainsi que l'eau sur le marbre. Les journaux étaient pleins de ses escapades; elle fut mêlée à plusieurs divorces, fiancée et défiancée mille fois, grâce aux indiscrétions habituelles de la presse américaine. Naturellement, jetant l'argent par les fenêtres, dépensant son salaire trois mois à l'avance, toujours endettée, toujours accablée de factures. Et, au fond, complètement neurasthénique. Pendant ce temps, nous avions déjà remarqué, à l'écran, Joan Crawford : une fille mince et musclée, avec des cheveux très courts, bouclés, une bouche grande et gourmande, des yeux clairs, immenses, un peu hagards, jetant le désordre dans les cœurs, et qui volontiers dansait sur les tables, appelant l'amour de tout son corps, se servait de sa beauté comme d'une arme, mais se prenait elle-même à ses propres pjièges. C'est la Joan du Bateau Ivre, de La Prison du Cœur, des Nouvelles Vierges, d'Ardente Jeunesse. Elle représentait la violence juvénile, l'intransigeance du désir, et la lassitude désespérée qui lui succède. On devinait en elle des ravages irréparables, dissimulés sous une gaîté sans effort, sous un appétit toujours renouvelé de sensations et de découvertes. Chacun de ses mouvements, chacune des expressions de son visage répondait à une question secrète, satisfaisait en nous un besoin inavoué de sympathie et de compréhension. Parmi les fantômes du cinéma, elle devint vite une de nos ombres familières. 14