La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

Il était logique que le jeune Douglas et Joan Crawford, s'étant rencontrés une fois, devinssent amoureux l'un de l'autre. Si l'on considère le genre de vie qu'ils avaient mené jusque-là chacun de leur côté, et d'autre part ce que le cinéma nous révèle plus ou moins ouvertement de leurs deux personnalités, il semble que jamais deux êtres au monde n'aient été mieux faits pour se comprendre. Du reste, jamais mariage ne fut plus populaire auprès du public. Les magazines américains regorgent de renseignements sur la vie privée de « Doug and Joan >». On sait que Doug appelle sa femme c< Boy », parce que, dit-il, elle est faite comme un garçon. On sait que s'il rentre avant elle, il se cache dans un coin pour lui faire peur, mais s'y endort bientôt profondément, et c'est elle qui le découvre et le réveille. On sait qu'ils parlent entre eux un langage inventé, incompréhensible pour toute autre personne. Que Doug se déshabille dans toute la maison, laissant ses souliers dans le vestibule, ses chaussettes dans le patio, son pantalon dans l'escalier; qu'il a une faiblesse pour les robes de chambre en soie; qu'il adore se faire masser, de sorte que si Joan veut lui faire un plaisir tout spécial, elle téléphone au masseur de venir. Le public dévore avidement ces détails qui le. font pénétrer jusqu'à la chambre à coucher d'une belle fille et d'un beau garçon. Tout un peuple inassouvi de fanatiques s'excite en imaginant cette union idéale, et réclame des nouvelles, des informations encore plus précises. Car le cinéma est le dernier refuge des malheureux, des voyeurs, des impuissants et des timides.... Et maintenant, Douglas et Joan continuent leur route. Nous avons vu Doug dans Forains, dans Intrigues, dans L'Aviateur, dans La Patrouille de l'Aube, dans Little Caesar. Malgré son penchant littéraire pour les rôles sérieux, il sait heureusement se moquer de lui-même et des autres, comme en témoignent ses étonnantes imitations de Barrymore, de ]ohn Gilbert, de Barthelmess et de son propre père. Quant à joan, ses dernières photographies nous la révèlent plus belle, plus égarée que jamais, et devenue, à la suite d'on ne sait quelle folie, complètement blonde. Leur union, contrairement aux coutumes d'Hollywood, dure depuis quatre ans. Sont-ils heureux ? Ont-ils enfin trouvé un compromis entre la réalité et les insatiables aspirations de l'âme, toujours détruites et toujours renouvelées ? Nous n'en saurons jamais rien sans doute, nous qui ne pouvons que suivre des yeux leur image, à la fois si proche et si distante. Qu'il nous suffise donc de leur donner de loin notre amitié, notre tendresse, comme on la donne parfois à ces inconnus qu'on rencontre une seconde dans la rue, et qui nous plaisent, et qu'on aimerait connaître, et à qui on consacrerait bien le reste de sa vie si on n'avait pas un rendezvous urgent dans les dix minutes. André R. Maugé. 15