La Revue du Cinema (1931)

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longue mais captivante conversation muette qui s'étend, dévoilée par des sous-titres non moins captivants, entre Stroheim et Za Su Pitts dans la chambre nuptiale de Mariage de Prince. Tout cet avant-propos pour essayer de montrer qu'à nos yeux toute théorie esthétique, tout système critique sont mauvais, paralysants, stérilisants dès qu'on les affirme ou les applique d'une façon absolue. Il ne faut accentuer fortement une opinion que contre celle, contraire, qui tend à s'imposer au point de compromettre dangereusement l'équilibre nécessaire à la conception de l'œuvre d'art. Naturellement nous avons crié quànd on a, il y a un an ou deux, présenté ces déplorables fausses pièces mornes et puériles dont l'action, soutenue par un dialogue misérable, se cantonnait dans trois ou quatre décors conventionnels; mais nous aurions tout aussi bien applaudi si le dialogue avait été vigoureux, prenant, éloquent, au service d'une histoire intéressante et attribué à des caractères vivants; on réussira peut-être un jour un film étonnant, durant plus d'une heure, et se passant dans un seul décor où se trouveront moins de dix personnages; nous ne savons si ce sera, comme disent certains puristes, du cinéma ou non, mais si c'est solide, intelligent et habilement fait, ça nous tiendra en respect. Il ne faudra simplement pas après croire à une nouvelle mode ni même à un nouveau style. Dès l'instant qu'un critique fait passer la technique avant les œuvres dans leur ensemble (sujet, traitement, morale et réalisation) il lui faut écrire dans les journaux professionnels — le public ne le suit plus. Et par surcroit il rend un mauvais service aux artistes qui, au lieu de toujours perfectionner leurs qualités et de tirer ingénieusement parti de leurs défauts, sont facilement enclins à faire passer pour leur personnalité ces mêmes défauts, jalousement cultivés. Venons-en plus nettement à The Front Page, où la parole est fréquemment plus rapide que l'image. Ce n'est pas d'aujourd'hui que nous nous en sommes aperçus... deux mots vifs, surtout deux mots d'anglais, encore plus facilement deux syllabes d'américain, en disent souvent aussi long, impressionnet autant qu'une série d'images animées artificiellement; bien choisis, bien dits, encastrés au bon endroit, ne nuisant pas au rythme de la scène, deux mots, douze mots évitent les lourdes allusions, les symboles primitifs : les pancartes, les articles de journaux, les lettres, les bagues ou autres objets bons à tout faire qu'on va décrocher au magasin des trucs, des ficelles et du fil blanc. Pas de trucs, pas de ficelles dans The Front Page dont l'action continue est bourrée de tous les détails qui contribuent à développer, à renforcer et à corser le drame dont la durée réelle se trouve à peine réduite dans les quelque cent minutes de projection de la bande. The Front Page est fidèlement adapté d'une pièce célèbre de Ben Hecht et Charles MacArthur qui est une terrible satire de ces journalistes prêts à faire n'importe quelle saleté pour aider à composer une formidable première page (front page) et de certains milieux pourris de la justice et de la politique américaines : Dans la salle de presse de la Cour Criminelle à Chicago, une demi-douzaine de reporters des principaux journaux de cette ville tuent le temps en jouant au poker, attendant d'assister à l'exécution d'Earl Williams, accusé d'avoir assassiné un policeman nègre, alors que celui-ci venait l'arrêter pour avoir placé à sa fenêtre un drapeau rouge. Cette exécution présente une certaine importance, car la municipalité espère, par cette mesure, se concilier les 35