La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

FAUBOURG MONTMARTRE, par Raymond Bernard, d'après Henri Duvernois. Prise de vues par Armenise et Bujard (PathéNathan.) • ■ ■ -H-iif A notre époque de fantaisie, où tout Paris s'emballe pour JeaheFte Mac Donald, où les marins de M. Litvak et les cambrioleurs de M. René Clair poussent leur petite romance à tout bout de champ, il aurait été souhaitable qu'un film sombre et dramatique, réaliste et dur, sans concession à l'optimisme de commande et aux facilités de l'opérette, retînt l'attention du public et vînt imposer une réaction bienfaisante et plus ou moins inconsciemment attendue. Ce film, Faubourg Montmartre aurait pu l'être, si M. Raymond Bernard n'avait mis à le réaliser tant de maladresse et d'incompréhension du sujet. Il s'agissait de nous montrer la vie d'une petite ouvrière parisienne, pauvre et mal nourrie, que sa sœur déjà dévoyée essaie d'entraîner à la prostitution. Il s'agissait ensuite de nous montrer la déchéance de cette sœur que les drogues conduisent à la folie; il fallait enfin nous faire accepter la régénération de la petite ouvrière grâce à l'amour d'un brave provincial, après un bref épisode illustrant l'intolérance des gens de la campagne â l'égard de ceux qu'ils ne connaissent pas. Le décor de cette histoire était tout trouvé : c'était la rue du Faubourg Montmartre. Cette rue, une des plus curieuses de Paris, se prête merveilleusement à l'introduction des personnages épisodiques les plus variés et les plus propres à séduire le spectateur, tout en animant l'action. M. Raymond Bernard s'est contenté de nous montrer des voitures sur la chaussée, des enseignes lumineuses, un maquereau dans un bar, deux filles arpentant le trottoir. C'est maigre. Une promenade de cinq minutes dans cette même rue permet à n'importe quel flâneur de voir et d'entendre plus de détails caractéristiques que M. Raymond Bernard n'en utilise pour donner à son film une atmosphère. Première erreur. D'autre part, il aurait fallu, pour jouer le rôle de la petite ouvrière, une jeune fille fraîche, un peu frêle d'aspect, mais jolie, coquette, agréable à voir. C'était bien le moment de caser ce fameux « minois chiffonné » qui est, paraît-il, l'apanage de la Parisienne. C'était plus que jamais l'occasion de nous faire voir le trottin des chansons populaires, ce trottin qui, dit-on, partage son croissant avec les moineaux, s'habille avec un rien et fabrique avec dix sous de ruban un chapeau à faire pâlir Agnès et Talbot réunies. Or, on nous montre Mlle Gaby Morlay. Mlle Gaby Morlay n'est pas un personnage de cinéma. C'est une dame qu'on dit intelligente, en tous cas très obstinée, capable de travailler tous les jours pendant un an pour faire un numéro de danseuse de corde à la fête de l'Union des Artistes, mais qui manque totalement de cette divination sentimentale que réclame l'écran. Mise en présence du rôle qu'elle allait avoir à jouer, Mlle Gaby Morlay l'a composé selon ses moyens, et on peut voir dans Faubourg Montmartre l'idée que se fait Mlle Gaby Morlay d'une petite ouvrière parisienne. Elle s'est affublée de robes d'une laideur inutilement pénible, en croyant s'habiller comme une petite fille modeste. De même elle s'est forcée à minauder, à sautiller et à faire des grimaces, en croyant que cela suffirait à lui donner l'air jeune et espiègle. Et M. Raymond Bernard l'a laissée faire. C'est la seconde erreur, la plus grave, celle qui suffit à couler complètement le film. Restait le personnage de la sœur équivoque et droguée. Pour ce rôle, M. Raymond Bernard avait sous la main une excellente actrice, Mlle Line 40