La Revue du Cinema (1931)

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« La psychologie de ce sketch, déclare Jane Diamand, est de la plus fâcheuse invraisemblance. L'amour, de nos jours, mais ça n'existe plus. Nous avons le jazz, l'auto, les cocktails, etc. » Cette femme désabusée regrettera bientôt son petit couplet moderniste. Voilà-t-il pas que le même soir, alors qu'elle vient de regagner sa villa, un peu grise d'ailleurs, ainsi qu'elle en témoigne en lançant un soulier dans le porte-éponge, elle se trouve en présence de M. Jean Gabin qui n'a même pas attendu pour entrer que les lumières soient éteintes. Stupeur, affolement. Mais que la vie est bizarre. Tout comme dans le sketch, le voleur s'aperçoit que sa victime est belle. Oubliant les joyaux inestimables, il entraîne cette dernière vers le lit et passe la nuit avec elle. Le lendemain matin, il s'en va discrètement, après avoir recouvert sa maîtresse d'un nuage de tulle pour la protéger contre les mouches, tout comme un vulgaire camembert. On voit à ce détail que c'est un garçon plein d'attentions. Jane Diamand, qui n'attendait sans doute que ce petit viol pour retrouver son équilibre physique et mental, est d'une humeur charmante, trouve le sketch parfait, et tout irait pour le mieux si elle ne lisait dans un journal que son amant d'une nuit a été arrêté, inculpé de l'assassinat d'un veilleur de nuit. Que faire, mon Dieu, que faire? Impossible pourtant de raconter... Ah! une idée : la soubrette dévouée sacrifiera son honneur — pour une fois, tant pis — et témoignera que Jean Gabin a passé la nuit avec elle. Aussitôt dit, aussitôt fait. Jean Gabin est relâché. Par malheur, son complice, le voyant échapper si vite à la police, croit qu'il a mangé le morceau et, sans plus attendre, lui fait son affaire. Jean Gabin vient mourir à deux pas de l'entrée des artistes, dans les bras de Jane Diamand, juste le soir de la première, cinq minutes avant le lever du rideau. C'est bien triste, mais à quelque chose malheur est bon : toute retournée par cette aventure, Jane Diamand chante avec émotion pour la première fois de sa vie. On s'en va avec l'assurance que la revue tiendra un an et que Jane Diamand gagnera beaucoup d'argent. Pour entourer ce drame du luxe de détails qui convenait, M. Genina a dépensé quatre millions et s'est assuré la collaboration du régisseur du Casino de Paris. Il semble que l'argent et la compétence technique réunis auraient dû donner de bons résultats. Or, c'est raté. Par endroits, c'est raté de peu, mais c'est raté tout de même. Les scènes de répétition sont évidemment exactes, vraisemblables, mais on n'a pas su les animer, en faire jaillir le pittoresque et la couleur. Le choix des détails, des angles de prises de vues, le dialogue, tout est terne, triste, sans force et sans caractère. Tout ce qui aurait pu être intéressant, la machinerie énorme du music-hall, l'enchaînement précipité des tableaux qui se succèdent à trois secondes près, la fièvre et î'énervement des gens qui répètent jour et nuit, tout cela a été mal vu, ou pas vu du tout, ou rendu si pauvrement que le spectateur, à aucun moment, n'est conquis. On nous dit que la revue passe le lendemain, et personne ne se hâte, on nous montre une répétition en costumes qui traîne lamentablement, puis qui s'interrompt soudain sans qu'on enchaîne. Il suffit d'être allé une fois au Casino de Paris, la veille d'une première, pour savoir que les choses se passent autrement. On nous montre des petites femmes, des entrées de girls, mais on omet de nous faire entendre un seul dialogue vraiment vivant, de nous faire voir une seule figure de danse ou d'acrobatie qui en vaille la peine. Dans un court passage de Loulou, G. W. Pabst a mieux su créer l'atmosphère du music-hall que M. Genina dans tout Paris-Béguin. 50