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COURRIER DE NEW-YORK
Bien que cette année, grâce à des metteurs en scène comme Milestone (Front l'âge), King Vidor (Street Scène), Mamoulian (City Streets), Richard Wallace, Sternberg, Buggles, les progrès du cinéma américain paraissent dépasser le seul domaine technique, nous avons jugé intéressant de publier ces notes pessimistes de Philippe Soupault sur la production américaine courante. — (AT. d. I. D.)
LE RÉGNE DU CINÉMA AMÉRICAIN EST-IL FINI?
Le cinéma aux Etats-Unis n'est plus une distraction mais une habitude. Les Français vont au café, les Américains aux « movies ». Il n'était sans doute plus facile qu'à beaucoup d'autres de mes compatriotes d'adopter cette habitude et par curiosité, par entraînement, puis bientôt par habitude, j'allais trois ou quatre fois par semaine assister aux projections de films qui, selon ce qu'affirmait la publicité, toujours tapageuse, étaient de grands succès.
J'ai donc vu tant à New-York qu'à Philadelphie ou dans les villes de moindre importance, une quarantaine de films représentant le « meilleur » de la production américaine de 1931.
J'avoue que cette expérience m'a beaucoup déçu. Je passerais rapidement en revue les films les plus caractéristiques et ceux qu'on prétendait être sensationnels, mais il importe auparavant d'indiquer que de France nous ne pouvons juger en toute sincérité et en connaissance de cause la production d'Hollywood parce que nous n'en connaissons qu'une sélection, des extraits plus ou moins judicieusement choisis pour l'Europe et que nous ignorons les films médiocres ou seulement moyens. C'est pourtant par ces derniers films que nous pouvons réellement juger des progrès ou de la décadence du cinéma d'un pays. Pour illustrer d'un exemple ce que j'avance, je citerais le cas des américains qui estiment que le cinéma français est actuellement en grands progrès, parce quils n'ont vu l'an dernier qu'un seul film : Sous les toits de Paris.
En relisant mes notes, en rassemblant mes souvenirs, je suis bien obligé de constater que le cinéma américain ne représente plus une véritable force, qu'il perdra peu à peu son prestige et sa diffusion et pour cette raison assez simple qu'il est incapable de se renouveler. Il perd le souffle. Au point de vue technique, photographies, sons, découpages, luxe, interprétation, les Américains sont encore très puissants et ils perfectionnent encore tous ces moyens, qui, il faut le souligner, ont, sans aucun doute, une très grande importance pour la production d'un film. Mais cette perfection technique, ils la mettent au service de metteurs en scène qui ne peuvent les utiliser avec plus ou moins de talent que pour des films sans grandeur, sans inspiration et sans véritable valeur artistique. Ce sont tantôt des comédies à la manière anglaise, sentimentale et pleurnicharde, tantôt des drames qui font penser aux moins bonnes pièces d'Henry Bataille, tantôt des histoires de gangsters qui sont des répertoires de films qui eussent il y a quelques années un grand succès, tantôt enfin des opérettes un peu bébêtes. Tous ces genres de films ne sont somme toute que des imitations de vieux films qui « rapportèrent de fortes
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