La Revue du Cinema (1931)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

...Voilà trois ans que je me bats pour emporter le visa favorable à La Mère, le film russe de Poudovkine. C'est une œuvre admirable. La firme à qui ce film appartient pour la France y a mis beaucoup de bonne volonté (vous allez voir tout de suite ce que ça veut dire :) ce film est devenu bien inoffensif : on en a supprimé tous les passages tendancieux, il ne reste plus qu'une anecdote poignante... Vous voyez cela d'ici ! Le tripatouillage confus auquel ont bien pu se livrer ces Messieurs de la Censure et ces Messieurs de la firme. Et, malgré tout, le visa n'en est pas encore obtenu ! Mieux vaut encore souhaiter que le film ne paraisse pas, plutôt que de le voir mutiler, déformé, inreconnaissable comme tant d'autres . Loulou, Trois Pages d'un Journal, etc.. M. Ginisty parle ensuite de la « Moralité » des films : « ...tout au plus se borne-t-on à couper quelques mètres dans un baiser sur ta bouche : les Américains donnent à leurs baisers une durée qui est, pour nous, un peu exagérée. » ...car il paraît que nous avons le souffle plus court ! Mais nous en arrivons aux meilleures confidences : « ...le but de notre commission, vous vous en doutez, est politique d'abord. Notre visa vaut pour tous les cinémas de France, des colonies, des Protectorats. Souvent nous serions disposés à autoriser un film s'il ne devait sortir que dans un grand cinéma des Boulevards ; mais il faut que nous songions par exemple aux Indochinois qui iront le voir dans un quelconque cinéma de Saigon... » Ah ! si le cinéma n'était réservé qu'à une élite dont on peut en effet être sûr qu'on a rien à craindre d'elle, tout irait bien. Les films soviétiques ne seraient plus qu'un divertissement artistique. Car. l'élite saurait prendre ce qui est beau et . laisser ce qui est mauvais, révolutionnaire, tendancieux, tandis que les masses ne sauraient pas. On a bien trop peur qu'elles prennent conscience de leur force et de leur rôle. Et puis, il y a les Indochinois... A ce qu'il paraît, il ne suffit pas de reconstituer à Vincennes le temple d'Angkor pour qu'ils soient contents... Nous en arrivons enfin à quelques confidences sur L'Opéra de Quat'sous : « ...J'aime beaucoup ce film, sa musique surtout. Si le metteur en scène s'en était tenu à la pièce originale, mais il en a changé l'époque, lui a donné un ton brutal et fait prononcer des déclarations qui peuvent être pernicieuses... » M. Ginisty ne parle sans doute que de l'adaptation adoucie que M. Baty avait cru devoir tirer de la pièce allemande. Il ne sait probablement pas que la pièce originale était plus dure, plus âpre, nettement communiste, et que l'on n'y mâchait pas les « déclarations pernicieuses ». Il ne sait pas que G. W. Pabst a adouci le lilm parce qu'il prévoyait ce qui se passerait. Il ne sait pas que les auteurs de la pièce ont fait un procès à la firme, pour déformation de leur œuvre, procès qu'ils ont gagné et qui leur permettra d'en faire un nouveau film dans trois ans... M. Ginisty laisse entendre qu'il obtiendra des «adoucissements)). Mais voici que la Warner Bros., qui édita le film, soutient très crânement son metteur en scène et se refuse aux coupures demandées. C'est là un fait si rare chez les Sociétés d'Edition qu'il mérite d'être signalé et loué à sa juste valeur. Bien entendu M. Ginisty déclare qu'il « s'agit de prévoir de possibles manifestations ». C'est l'argument connu de la Police et des Gouvernants : la provocation. Voici enfin la déclaration la plus grave du Président de la Commission : « ...Oui, c'est vrai, il y a eu, au début, dans notre attitude à l'égard de L'Opéra de Quat'sous, des raisons assez particulières. Nous avons été avertis (il serait peut-être intéressant de savoir par qui !) que la firme américaine à laquelle appar 62