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gés de quitter la maison tous les trois ce soir-là, afin de livrer la marchandise commandée. Une fois arrivés à l’hôtel, la personne qui avait ordonné cette boisson avait été forcée de s’absenter; ils laissèrent donc les caisses de boisson sur réception de l’argent qui leur fut remis par un petit chasseur commissionné à cet effet.
Cette situation ne leur parut pas anormale et ils s’en revinrent chez eux sans penser à mal.
Le petit chasseur en question fut interrogé plus tard et corrobora ce fait en déclarant que les deux inconnus qui lui avaient remis l'argent étaient revenus seulement le lendemain chercher cette boisson. Il ne put donner ni leur nom ni leur adresse. Les registres de l’hôtel mentionnaiïent en rapport avec cette chambre, deux noms tout à fait inconnus à qui que ce soit. C'étaient évidemment des noms empruntés.
Sur la suggestion de Robert McGuire, la voisine, qui était sans cesse aux aguets devait être mandée sur les lieux.: Elle serait peut-être en mesure d'éclairer la cause. On fit venir cette vieille femme qui avoua avoir été veiller ce soir-là en compagnie de sa fille et de son mari, et d’être rentrée après minuit, sans remarquer rien d’anormal.
Le troisième inculpé, un fort gaillard de cinquante ans ne put que confirmer l’histoire des deux autres. Celui-là s'appelait James Colins et ne paraissait pas avoir froid aux yeux. Cependant, par moment, il était visiblement ému.
Tout le monde observait un religieux silence en écoutant ces témoignages. L'avocat de la défense prit alors la parole et essaya de convaincre aussi éloquemment que possible les jurés de l'innocence de ses clients. Une certaine vague de scepticisme régnait dans l’audience et les jurés eux-mêmes semblaient fort indisposés envers les accusés.
La séance ayant assez duré, on remit la sentence à plus tard. La salle se vida non sans avoir regardé auparavant les prisonniers reprendre le chemin de leur cellule. On chuchottait de toutes parts. Les uns commençaient à douter de la culpabilité des accusés pendant que les autres s’enfonçaient davantage dans leur certitude.
Ce procès fit couler beaucoun d’encre. Les journaux étaient remplis de détails aue les lecteurs lisaient avidement, afin de se former une opinion. Mais plusieurs avaient la certitude d’être induits en erreur. Les journaux ne sont pas infaillibles en somme.
Cécile Lemesurier avait aussi donné son témoignage qui revient à ce que nous avons dit précédemment. Elle garda ses doutes pour elle, cependant, ne croyant pas sage de les dévoiler à ce moment-là, car elle se voyait à la veille de découvrir quelque chose d’important.
L'affaire faisait grand bruit dans la ville, et on ne parlait que de ce meurtre odieux perpétré par trois dangereux criminels. Ils devaient en toute probabilité être conduits à la chaise électrique, telle était l’opinion publique. Et, pendant ce temps-là, les trois incarcérés imploraient dans leurs cellules, la clémence divine. Leurs quelques amis qui avaient témoigné de l'intégrité de leur caractère n'avaient pu réussir toutefois à leur faire accorder la clémence de la cour. Le juge et les jurés paraïssaient impitoyables à leur égard. Les trois accusés ne savaient à quel saint se vouer pour fléchir la sévérité de leurs accusateurs. La preuve était contre eux, il est vrai, maïs ils espéraient encore contre toute espérance, que le vrai meurtrier viendrait à se déclarer avant qu’il ne soit trop tard. Ils continuaient donc à se dire innocents, mais sans convaincre personne.
Cécile Lemesurier s’arrangeait de manière à suivre les activités de Walter Brian. Elle le suivait de près sans qu’il s’en aper
çoive. Elle jouait au détective en espérant qu'un jour ses efforts seraient récompensés.
Un soir qu'elle était rentrée assez tôt à sa chambre, elle évita de faire de la lumière afin qu’on ne se routât pas qu’elle fut chez elle, Les deux autres personnes qui avaient chacune une chambre à cet étage là étaient absentes depuis dix jours. Walter Brian se croya donc seul sur l'étage quand il rentra avec son ami Georges. Après quelques minutes de conversation dans la chambre, Walter alla se faire la barbe dans la salle de bain, selon son habitude.
Cécile Lemesurier en profita pour sortir sans bruit de sa chambre et après avoir enlevé ses souliers pour qu'ils ne la trahissent pas, elle s’approcha de la salle de bain dont la porte était quelque peu entr’ouverte. On parlait à mi-voix là-dedans, et il était question du meurtre. Georges demendait à Walter s’il n’avait pas quelques remords de laisser condamner ces malheureux innocents à sa place. Il lui proposait de fuir et une fois en pays étranger, de tout déclarer aux autorités, et qu’il pourrait s’en tirer ainsi avec l'exil à perpétuité. Cécile en savait assez mais elle décida d'écouter la fin de ce dialogue.
Walter Brian ne semblait pas beaucoup savourer le plan de son ami mais cependant il admit qu’il valait mieux fuir pour le moment et qu’on aviserait plus tard en cours de route de ce qui serait le mieux à faire. Il demanda à Georges ce qu’il avait fait du marteau qui lui appartenait. Celui-ci répondit qu’il l’avait dissimulé sous le coussin de l’auto et que celle-ci était chez M. Jones, garagiste, rue Principale, à Newark, N..
Il fut décidé que Georges irait vers onze heures ce soir-là, chercher l’auto qu’il avait laissée dans un garage, sous un nom d’emprunt, et qu’il rejoindrait Walter chez un tabaconiste du Columbus Circle, à NewYork, à 12 h. 30.
Cécile Lemesurier n’en écouta pas davantage. Elle reprit sans bruit le chemin de sa chambre, s’habilla à la hâte dans l’obscurité et fila chez le Commissaire de Police où elle fit un rapport exact de ce qu’elle avait entendu. Il ne restait donc plus qu’à confirmer tout cela. Cécile qui avait entrevu Georges pouvait l'identifier. Elle partit donc avec trois détectives pour se rendre à Newark, chez M. Jones le garagiste. Ils arrêtèrent l’auto à quelques centaines de pas du garage afin de ne pas éveiller les soupçons. Un des détectives descendit de l’auto, et muni du nom d'emprunt que lui avait fourni Cécile sur l’indiscrétion de Georges, il demanda à M. Jones la permission d’aller chercher quelque chose dans l’auto en question, se disant autorisé par M. Samuel Brown (nom d'emprunt de Georges). La permission lui fut facilement accordée. Une fois dans le garage son premier soin fut de regarder sous le coussin de l’auto où il découvrit un marteau taché de sang et auquel adhérait un morceau de chair humaine. Le tout était enveloppé dans un morceau de soie qui paraissait être 1n mou-choir.
Il enroula le tout dans un papier qu’il avait glissé dans sa poche à cet effet et rejoignit ses camarades à quelques centaines de pas plus loin. Il leur dit: ‘“‘Je possède la plus grande pièce à conviction qu’il soit possible de trouver pour envoyer ces galopins à la chaise électrique. Attendons maintenant notre homme. Nous allons rester ici et suivre son auto dès qu’il sortira du garage, de cette façon nous pourrons rejoindre son complice.”
Onze heures sonnèrent au beffroi de l’h6tel de ville. Quelques secondes après, Georges parut et parla à M. Jones. Celui-ci lui mentionna la visite de l'individu qui l’avait précédé en lui disant simplement ce qu’il était venu faire, avec son autorisation. Georges ne perdit pas une minute et se pré
LE COURRIER DU CINEMA
cipita vers le téléphone, appela son ami Walter qu'il mit au courant de ses soupçons et de cette évidente trahison. Craignant que quelqu'un fut sur ses trousses, il décampa ensuite par une porte dissimulée à l’arrière du garage et laissa son auto là, croyant cela plus sage. Mais il n'avait pas pense à ce moment à sa licence d’auto qui pouvait trahir son identité.
Au bout de vingt minutes d'attente, les policiers voyant qu'il ne sortait pas s’avisèrent d’aller le chercher au garage, quitte à se faire conduire plus tard chez Walter Brian. S’adressant à M. Jones, celui-ci leur dit qu'il ne savait vraiment pas par où il était passé, mais qu’il l'avait quitté il y avait quelques minutes et que son auto était encore là.
On téléphona à tous les postes de police de Newark, en donnant la description de l’homme qu’on poursuivait. Pendant ce temps là Cécile Lemesurier sauta dans un taxi avec la preuve convaincante cette fois, qui devait libérer les trois malheureux détenus.
Au Commissariat de police on identifia le morceau de chair collé sur le marteau comme étant la tempe de la victime, avec quelques cheveux correspondant aux siens. Le mouchoir était du même matériel que les lambeaux de robe trouvés sur l’échelle dans la cave de la dixième avenue. Ce qui intriguait les autorités était de savoir comment les meurtriers avaient pu s’y prendre pour transporter leur fardeau dans cette cave sans éveiller l’attention des voisins. Il est vrai que cet endroit était plutôt obscur et que les assassins avaient profité de cette obscurité pour exécuter leur plan diabolique.
Cette découverte fit grand bruit dans les journaux le lendemain. Quand Walter Brian eut le téléphone de son ami, il était trop tard pour qu’il put prendre le train pour Montréal. Il devait donc attendre jusqu’au matin, n'ayant pas assez d'argent pour prendre un taxi. Il s’enferma donc dans sa chambre. Il était là vers 3 hrs du matin quand deux détectives, prévenus de son adresse par Cécile, vinrent frapper à sa porte. Il ne fit aucun bruit pour leur laisser croire qu’il était absent, mais les policiers ne se laissèrent pas déconcertés par ce silence. Ils forcèrent la porte et entrèrent. Il était là dans cette chambre étroite et en désordre, à moitié étendu sur un divan et dans un état de grande ébriété. On examina le lieu et on trouva dans un paquet glissé sous la commode, une chemise tachée de sang. Interrog$ à ce sujet, Walter admit s'être coupé violemment en tranchant du pain et s'être essuyé sur sa chemise, qu’il avait oublié d'envoyer à la buanderie. Mais cette histoire ne lui servit de rien. On emmena notre homme à la caserne où on lui fit subir un rigoureux interrogatoire. Comme on n’obtenait rien qui vaille, on lui mit le marteau en question sous le nez et on lui infligea le troisième degré. Il dut tout avouer.
Quand on voulut établir le mobile du crime, tout ce qu’on put savoir, c’est que Walter Brian étant catholique, ne pouvait marier la femme qu’il aimait (celle qu’il avait conduite au cabaret) sans se débarrasser au préalable de la sienne qu'il n’aimait plus. Dès que son plan fut élaboré, il envoya son ami Georges chercher Marie au nom de Cécile, qu’il ne connaissait que de nom, parce que sa femme lui en avait parlé. Ils l’emmenèrent donc faire une promenade dans un endroit désert. Là, Georges la baillonna tandis que le mari lui assénait des coups de marteau sur la tête et par tout le corps. Walter connaissait la cave des trois vieux garçons pour y être déjà allé et décida qu’il n’y avait pas de cachette plus propice que celle-là. On avait à dessein éloigné les trois vieux célibataires. Tout avait donc réussi comme on l’avait prévu. Le soupirail de la cave étant toujours ouvert, ce fut
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